Résumé de la 9e partie n Alors qu'il commençait à désespérer, le prince Diadème reçoit dans sa boutique une vieille dame à la recherche d'un tissu pour Sett-Donia… Alors Aziz ouvrit une armoire ménagée dans le mur et où il n'y avait qu'un seul paquet, mais quel paquet ! L'étoffe extérieure, frangée de glands d'or, était un velours de Damas où couraient, légers et colorés, des dessins de fleurs et d'oiseaux avec, au milieu, un éléphant qui dansait, enivré. Et de tout ce paquet se dégageait un parfum qui exaltait l'âme. Aziz l'apporta à Diadème qui le défit et en tira l'unique étoffe qui s'y trouvait et qui avait été sertie pour ne faire qu'une seule robe destinée à quelque houri ou à quelque princesse merveilleuse. Quant à la décrire ou à énumérer les pierreries dont elle était enrichie ou les broderies sous lesquelles la trame disparaissait, les poètes seuls, inspirés d'Allah, pourraient le faire, en vers cadencés. Pour le moins, elle devait valoir, sans l'enveloppe, cent mille dinars d'or. Alors Diadème déroula lentement l'étoffe devant la vieille qui ne savait plus que regarder de préférence la beauté de la robe ou la figure adorable aux yeux noirs de l'adolescent. Donc, lorsqu'elle put parler, elle dit à Diadème en le regardant avec des yeux humides de passion : «L'étoffe convient. Combien dois-je te la payer ?» Il répondit en s'inclinant : «Je suis payé plus que mon dû par le bonheur de t'avoir connue !» Alors la vieille s'écria : «O adorable garçon, heureuse la femme qui pourra te mériter ! Pour ma part, je n'en connais qu'une seule sur la terre ! Dis-moi, ô jeune faon, quel est ton nom ?» Il répondit : «Je m'appelle Diadème.» Alors la vieille dit : «Mais c'est là un nom qui n'est donné qu'aux fils de rois ! Comment un marchand peut-il s'appeler Couronne-des-rois ?» A ces paroles, Aziz, qui jusque-là n'avait dit un mot, intervint à propos pour tirer son ami d'embarras. Il répondit à la vieille : «Il est le fils unique de ses parents qui l'aiment tant, qu'ils ont voulu lui donner un nom comme on en donne aux fils de rois !» Elle dit : «Certes ! si la beauté devait élire un roi, c'est Diadème qu'elle choisirait ! Eh bien ! ô Diadème, sache que la vieille désormais est ton esclave ! Et Allah est garant de sa dévotion à ta personne ! Bientôt tu te ressentiras de ce qu'elle va faire pour toi. Et qu'Allah te protège et te garde du mauvais sort et de l'œil des curieux !» Puis elle prit le précieux paquet et s'en alla. Et elle arriva, encore tout émue, chez Sett-Donia qu'elle avait allaitée, enfant, et à qui elle tenait lieu de mère. Et, en entrant, elle tenait le paquet sous le bras, gravement. Alors Donia lui demanda : «O nourrice, que m'apportes-tu encore ? Fais voir !» Elle dit : «O ma maîtresse Donia, prends et regarde !» Et elle déroula soudain l'étoffe. Alors Donia, tout heureuse et les yeux en joie, s'écria : «Ma bonne Doudou, oh la belle robe ! Ce n'est point là une étoffe de nos pays !» La vieille dit : «Certes, elle est belle ! Mais que dirais-tu alors si tu voyais le jeune marchand qui me l'a donnée pour toi ? Allah qu'il est beau ! C'est le portier Radouân qui a oublié de fermer les portes d'Eden pour ainsi le laisser descendre réjouir les créatures ! O maîtresse combien souhaiterais-je voir cet adolescent radieux t'épouser...» (à suivre...)