Résumé de la 4e partie n Le prince Diadème, déguisé en marchand, se rend dans la ville de Sett-Donia, accompagné du grand vizir et de Aziz. Le vizir dit : «Mon idée est que, au lieu de laisser les marchandises enfermées dans le khân où les clients ne peuvent les voir, nous ouvrions pour toi, prince Diadème, en qualité de marchand, une grande boutique dans le souk même des soieries. Et tu resteras toi-même à l'entrée de la boutique pour vendre et montrer, alors qu'Aziz se tiendra au fond de la boutique pour te passer les étoffes et les dérouler. Et, de la sorte, comme tu es parfaitement beau, et qu'Aziz ne l'est pas moins, en peu de temps la boutique sera la plus achalandée de tout le souk.» Et Diadème répondit : «L'idée est admirable !» Et vêtu, comme il était, de sa belle robe de riche marchand, il pénétra dans le grand souk des soieries suivi d'Aziz, du vizir et de tous ses serviteurs. Lorsque les marchands du souk virent passer Diadème, ils furent complètement éblouis de sa beauté et cessèrent de s'occuper de leurs clients ; et ceux qui coupaient les étoffes tinrent leurs ciseaux en l'air ; et ceux qui achetaient négligeaient leurs achats. Et tous à la fois se demandaient : «Est-ce que, par hasard, le portier Radouân, qui a les clefs des jardins du ciel, aurait oublié de fermer les portes, que soit ainsi descendu sur terre ce céleste adolescent ?» Et d'autres s'exclamaient sur son passage : «Ya Allah ! que tes anges sont beaux !» Arrivés au milieu du souk, ils s'informèrent de l'endroit où se tenait le grand cheikh des marchands, et se dirigèrent vers la boutique qu'on se hâta de leur montrer. Lorsqu'ils y arrivèrent, tous ceux qui étaient assis se levèrent en leur honneur, en pensant : «Ce vieillard vénérable est le père de ces deux adolescents si beaux !» Et le vizir, après les salams, demanda : «O marchands, quel est d'entre vous celui qui est le grand cheikh du souk ?» Ils répondirent : «Le voici !» Et le vizir regarda le marchand qu'on lui désignait, et vit que c'était un grand vieillard à la barbe blanche, à la mine respectable et à la figure souriante, qui se hâta aussitôt de leur faire les honneurs de sa boutique, avec de cordiaux souhaits de bienvenue, et qui les invita à s'asseoir sur le tapis, à ses côtés, et leur dit : «Je suis prêt à vous rendre tout service souhaité !» Alors le vizir dit : «O cheikh plein d'urbanité, voilà déjà des années que moi, avec ces deux enfants, je voyage par les villes et les contrées pour leur faire voir les peuples divers, compléter leur instruction, leur apprendre à vendre et à acheter et à tirer leur profit des usages et des mœurs des habitants. Et c'est dans ce but que nous venons nous établir ici pour quelque temps ; afin que mes enfants se réjouissent la vue de toutes les belles choses de cette ville et apprennent de ceux qui l'habitent la douceur des manières et la politesse. Nous te prions donc de nous faire louer une boutique spacieuse, bien située, pour que nous y exposions les marchandises de notre pays lointain.» A ces paroles, le cheikh du souk répondit : «Certes ! il m'est fort agréable de vous satisfaire.» Et il se tourna vers les adolescents pour les mieux regarder et de ce seul coup d'œil il fut dans un saisissement sans bornes, tant leur beauté l'avait ému. Car ce cheikh du souk adorait ouvertement et à la folie les beaux yeux des adolescents, et sa prédilection allait à l'amour des jeunes garçons plutôt qu'à celui des jeunes filles ; et il préférait de beaucoup le goût acide des petits. (à suivre...)