Résumé de la 1re partie n Alléché par le récit de Aziz, le prince Diadème brûle de connaître la princesse Sett-Donia. Cela dit, le roi fit mander l'ami de Diadème, le jeune marchand Aziz, et lui dit : «Connais-tu la route qui mène aux îles du Camphre et du Cristal ?» Il répondit : «Je la connais.» Le roi dit : «Je souhaiterais fort te voir accompagner là-bas mon grand vizir que je vais envoyer auprès du roi de cette contrée.» Aziz répondit : «J'écoute et j'obéis, ô roi du temps !» Alors le roi Soleïmân Schah fit appeler son grand vizir et lui dit : «Arrange-moi cette affaire de mon fils comme tu le jugeras utile ; mais il te faut pour cela aller aux îles du Camphre et du Cristal demander la fille du roi comme épouse pour Diadème.» Et le vizir répondit par l'ouïe et l'obéissance, tandis que le prince Diadème, impatient, se retirait dans son appartement, récitant ces vers du poète sur les peines d'amour : «Interrogez la nuit ! Elle vous dira ma douleur et l'élégie pleine de larmes que ma tristesse module sur mon cœur. «Interrogez la nuit ! Elle vous dira que je suis le berger dont les yeux comptent les étoiles des nuits, alors que sur ses joues tombe la grêle des larmes. «Sur la terre je me sens seul, bien que mon cœur soit débordant de désirs, comme la femme aux flancs féconds qui ne trouve point la semence de gloire.» Et il resta songeur toute la nuit, refusant la nourriture et le sommeil. Mais, sitôt le jour levé, le roi son père se hâta de venir le trouver, et vit que son teint était encore plus pâle que la veille et son changement plus accentué ; alors pour le consoler et lui faire prendre patience, il fit hâter les préparatifs du départ d'Aziz et du vizir, et n'oublia pas de les charger de riches cadeaux pour le roi des îles du Camphre et du Cristal et tous ceux de son entourage. Et aussitôt ils se mirent en route. Et ils voyagèrent et voyagèrent des jours et des nuits, jusqu'à ce qu'ils fussent arrivés en vue des îles du Camphre et du Cristal. Alors ils dressèrent leurs tentes sur les bords d'un fleuve, et le vizir dépêcha un courrier pour annoncer au roi leur arrivée. Et la journée n'était pas encore à sa fin qu'ils virent, venir à leur rencontre, les chambellans et les émirs du roi, qui se mirent aussitôt à leur disposition après les salams et les souhaits de bienvenue, et les accompagnèrent jusqu'au palais du roi. Alors Aziz et le vizir entrèrent au palais et se présentèrent entre les mains du roi auquel ils remirent les présents de leur maître Soleïmân-Schah ; et il les en remercia, leur disant : «Je les agrée de tout cœur amical, sur ma tête et dans mes yeux !» Et aussitôt Aziz et le vizir, selon l'usage, se retirèrent et restèrent cinq jours dans le palais à se reposer des fatigues de leur voyage. Mais au matin du cinquième jour, le vizir s'habilla de sa robe d'honneur et alla, seul cette fois, se présenter devant le trône du roi. Et il lui soumit la demande de son maître et se tut respectueusement, attendant la réponse. En entendant les paroles du vizir, le roi devint soudain fort soucieux et baissa la tête et, tout perplexe et songeur, il resta longtemps ne sachant comment faire une réponse à l'envoyé du puissant roi de la Ville-Verte et des montagnes d'Ispahân. Car il savait, par expérience, combien sa fille avait le mariage en horreur, et que la demande du roi allait être repoussée avec indignation comme toutes celles qui lui avaient été déjà faites par les principaux princes des royaumes avoisinants et de toutes les parties des terres autour et alentour. (à suivre...)