Résumé de la 19e partie n La vieille nourrice introduit le prince Diadème dans le château et lui indique la chambre de sa maîtresse. Et le cri d'effarement de la jeune fille soudain réveillée fut étouffé par les lèvres qui la dévoraient. Et c'est ainsi qu'eut lieu la rencontre première du beau prince Diadème et de la princesse Donia. Mais, pour ce qui est du vizir et d'Aziz, ils restèrent jusqu'à la nuit à attendre, avec anxiété, le retour de Diadème. Et quand ils virent qu'il n'arrivait pas, ils commencèrent à sérieusement s'inquiéter ; quand le matin vint, sans nouvelles de l'imprudent, ils ne doutèrent plus de sa perte et furent complètement décontenancés ; et, dans leur douleur et leur perplexité, ils ne surent plus à quel parti s'arrêter. Et Aziz dit d'une voix étranglée : «Les portes du palais ne se rouvriront jamais plus sur notre maître ! Oh, que devons-nous faire maintenant ?» Le vizir dit : «Attendre encore ici, sans bouger !» Et ils restèrent ainsi durant tout le mois, ne mangeant ni ne dormant plus, se lamentant sur ce malheur sans recours. Aussi comme au bout du mois, ils n'avaient toujours pas signe de l'existence de Diadème, le vizir dit : «Mon enfant, quelle situation lamentable et difficile ! Je crois que le meilleur parti à prendre est encore de nous en retourner dans notre pays, mettre le roi au courant de ce malheur : sinon il nous reprocherait d'avoir négligé de l'en avertir.» Et, à l'heure même, ils firent tous leurs préparatifs de voyage, et partirent pour la Ville Verte qui était la capitale du roi Soleïmân-Schah. A peine furent-ils arrivés, qu'ils se hâtèrent de monter au palais et de mettre le roi au courant de toute l'histoire et de la fin malheureuse de l'aventure. Et ils se turent pour éclater en sanglots. A cette nouvelle terrible, le roi Soleïmân-Schah sentit le monde entier s'écrouler sous lui et s'effondra lui-même sans connaissance. Mais à quoi désormais pouvaient servir les larmes et les pleurs du regret ? Aussi le roi Soleimân-Schah, comprimant la douleur qui lui rongeait le foie et lui noircissait l'âme et la terre entière devant les yeux, jura qu'il allait venger la perte de son fils Diadème par une vengeance sans précédent. Et aussitôt il fit appeler, par les crieurs publics, tous les hommes capables de tenir la lance ou l'épée et toute l'armée avec ses chefs ; et il fit sortir tous ses engins de guerre, ses tentes et ses éléphants ; et, suivi ainsi de tout son peuple, qui l'aimait extrêmement pour son équité et sa générosité, il se mit en route pour les îles du Camphre et du Cristal. Pendant ce temps, dans le palais qu' illuminait le bonheur, les deux amants, Diadème et Donia, ne cessaient de s'aimer de plus en plus et ne se levaient que pour boire ensemble et chanter. Et cela dura de la sorte l'espace de six mois. Or, un jour que l'amour de son amie le ravissait à la limite de tout, Diadème dit à Donia : «O l'adorée de mes entrailles, il y a encore une chose qui nous manque pour que notre amour soit admirable !» Elle lui dit, étonnée : «O Diadème, lumière de mes yeux, que peux-tu encore souhaiter ? » Diadème dit : «Mon agneau, laisse-moi donc te révéler qui je suis ! Sache, ô princesse, que moi-même je suis un fils de roi et non un marchand du souk. Et le nom de mon père est le roi Soleïman Schah, maître de la Ville-Verte et des montagnes d'Ispahân. Et c'est lui-même qui, dans le temps, avait envoyé son vizir au roi Schahramân, ton père, pour te demander comme mon épouse ! Te rappelles-tu qu'alors tu avais refusé cette union et menacé de ta masse d'armes le chef eunuque qui t'en parlait ? Eh bien, réalisons aujourd'hui ce que nous a refusé le passé, et allons ensuite ensemble vers la verte Ispahân !» (à suivre...)