Note n Les professionnels de la musique doivent se concerter pour un renouveau en la matière. Tout le monde s'accorde à dire – notamment les professionnels – que la musique algérienne dans ses différents genres connaît une nette régression au plan de la composition et stagne dans un «folklorisme» des plus réducteurs. D'où la question : qu'est-ce qui fait que le paysage musical subit pareille altération ? La réponse s'impose d'elle-même : absence de volonté, donc de travail au plan de la création et du renouveau. Un effort et un travail considérables devraient se faire en ce sens en vue d'arracher la musique de sa léthargie et du stéréotype qu'elle véhicule. Abdou Deriassa, interprète, estime la nécessité d'amorcer un travail dynamique et effectif pour aboutir à une musique aérée et répondant à une sensibilité contemporaine, sachant que si le raï connaît ces dernières années un boom extraordinaire, c'est seulement parce qu'il réussit à toucher quasiment toute la jeunesse algérienne et ce, contrairement aux autres expressions musicales qui demeurent rigides. «Les différents genres musicaux algériens (chaoui, staïfi ou encore kabyle) doivent faire l'objet du même travail de modernisation, et dans le rythme et dans les accords», donnant ainsi à la musique un souffle nouveau et jeune et aspirant, du coup, à un succès international, à l'instar des chansons occidentales. En outre, si la chanson égyptienne ou libanaise est écoutée dans tous les pays arabes (se taillant une part appréciable du volume de programmation et à la télévision et à la radio) et revêt donc une certaine notoriété, il se trouve que la musique algérienne est à la traîne. C'est une musique aux accents encore traditionnels – malgré l'introduction de quelques résonances modernes – et aux saveurs auditives pittoresques. Depuis, faut-il le dire, les télévisions musicales arabes s'emploient à faire un embargo sur les chanteurs algériens. Selon les spécialistes, «ils ont peur d'un phénomène qui s'appelle le raï, qui n'a jamais été reconnu comme étant une chanson arabe, et qui viendrait les concurrencer». Par ailleurs, la carence dont fait l'objet la musique algérienne s'explique par le fait de l'absence de véritables studios d'enregistrement et de personnes réellement qualifiées en la matière. Beihdja Rahal, interprète de la chanson arabo-andalouse, se désole de ce déficit et confie qu'une maison d'édition lui a refusé son produit réalisé en Algérie, et pour cause : l'enregistrement laissait à désirer et ne répondait pas aux normes internationales. En attendant une meilleure prise en charge de notre musique, celle-ci continue de se pratiquer avec amateurisme, pour ne pas dire à se clochardiser.