En duo, les frères Khoury ont admirablement séduit le public algérois. Ces trois frères palestiniens virtuoses qui témoignent du néoclassicisme, de la musique arabe et orientale composent leurs propres textes. Leur musique est un alliage de différentes pièces entremêlant les racines à la musique indienne, au jazz, à la musique classique, traditionnelle, bretonne et contemporaine. Ils ont notamment travaillé en 2006 avec le grand maître du flamenco, Enrique Morente. Bassel Khoury, l'un des frères Khoury est violoniste. Il a eu une formation classique puis il s'est consacré au violon oriental. Bassel a répondu naturellement à nos questions. Que représente pour vous la vie d'El Quds à la fois site culturel, millénaire de la civilisation arabe et musulmane et aussi en tant que symbole de la résistance de cette lutte du peuple palestinien ? La ville d'El Quds représente toute notre vie, je dirai mieux, c'est notre raison de vivre. Mieux encore, nous faisons passer par l'intermédiaire de la chanson des messages de valeurs élevées. Vous avez eu l'occasion de rendre hommage à cette ville ancestrale dans vos récitals, comment avez-vous fait dans ce cadre des créations spécifiques glorifiant la ville d'El Quds ? Notre inspiration est venue de la richesse et de la vaste expérience acquise par les innombrables tournées qu'on a effectuées à travers le monde. Dans tous nos concerts et récitals dans divers pays des cinq continents nous ont apporté des éléments qui ont pu construire et édifier mes créations musicales dédiées à la ville d'El Quds. Ces éléments regroupent les plus belles valeurs universelles et humanitaires. Vous faites dans votre style musical l'élargissement de la musique classique et moderne, n'allez vous pas un peu écorcher la sensibilité des conservateurs et les mélomanes attachés scrupuleusement à l'authenticité des genres ? Pour nous, la musique classique comme la musique moderne font partie de l'art musical en général. Nous ne faisons pas de différence entre ces deux genres parce que l'un complète l'autre, dans la continuité. Leurs influences réciproques s'entremêlent. Aussi bien à l'aise dans la composition de la musique classique que dans celle d'aujourd'hui. Pensez-vous que le patrimoine musical libanais occupe une place prépondérante dans la musique du Moyen Orient ? Pour moi, personnellement tous les styles de musiques occupent une grande place notamment le patrimoine libanais qui est très riche. En tant qu'artiste, quel est votre apport dans la lutte du peuple palestinien, la musique est-elle une arme redoutable qui remplace les canons ? Du moment que nous ne sommes pas des politiques, en tant qu'artistes nous faisons dans la musique engagée qui parle aussi bien de paix, d'amour comme de violence. Nous nous assignons de représenter fidèlement l'image de notre pays à l'étranger. Le fait de travailler en famille même si chacun a sa propre vie, est-il un avantage ou un inconvénient pour votre activité artistique ? Actuellement, nous vivons ensemble à Angers en France. Ce n'est pas facile pour nous de cohabiter car nous n'avons pratiquement pas de vie privée. Seulement, l'avantage demeure le volet professionnel qui est indubitablement notre force. Vous avez déjà composé différentes musiques pour des films, comptez-vous récidiver et avez-vous reçu récemment d'autres propositions pour d'autres créations ? Nous avons, en effet composé différentes musiques de film à l'instar de «No Shoof Camera» du réalisateur Jon Steele, en 2007 en Jordanie. Ainsi que celui du film «The Adventures of Prince Achmed », premier film d'animation dans l'histoire du genre réalisé en 1926 par Lotte Reiniger (une Co- production jordano- allemande). Nous projetons d'en faire, prochainement deux autres en Jordanie. Ces films traitent de la violence et des problèmes de société. Vous venez pour la première fois en Algérie, quelles sont vos appréciations de notre patrimoine musical ? Nous n'avons pas eu le temps de visiter Alger mais de prime abord c'est une ville très captivante notamment par son architecture. Concernant son patrimoine musical, nous sommes éblouis par cette musique ancestrale et populaire, la musique chaâbi particulièrement Kamel El Harrachi, l'un des fils du regretté artiste Dahman El Harrachi. Quel est le rôle de l'artiste dans la musique ? J'estime qu'un artiste doit transmettre des messages nobles étant donné qu'il est l'émetteur direct du public. Par ailleurs, l'artiste doit toucher à tous les genres de musique, cela ne peut qu'étoffer et élargir son savoir et sa culture. Comment avez-vous trouvé l'accueil du public ? Phénoménal ! Quand on assiste à un public aussi chaleureux et aussi actif, on cède volontiers à ses sollicitations et parfois on s'oublie. Pour notre premier spectacle à Alger, nous repartons satisfait. C'est magnifique ! Un dernier mot, peut-être ? Ici, les gens sont débonnaires et hospitaliers. Nous souhaiterions profondément revenir prochainement à Alger car nous avons adoré ce pays révolutionnaire.