C'était un lundi du mois de juillet 2005. Il y a de cela une année, El-Hadj El-Hachemi Guerrouabi défiait sa maladie. Il venait de quitter un hôpital parisien où il a été amputé d'une jambe. Pourtant, sur la scène du théâtre de verdure, Guerrouabi s'était mis debout. Debout comme un chêne face à des milliers de fans venus voir et écouter le maître. Ils étaient plus de 5 000 jeunes, vieux, vieilles, enfants, familles complètes à se déplacer en cette soirée estivale. Mais personne ne savait que le gala du temple du chaâbi allait être le dernier. Face à un public impatient d'écouter les chansons du Cheikh, la présentatrice de la soirée était plongée dans un long discours faisant l'éloge du maître. Elle était surprise puisque Guerrouabi était déjà devant son micro quand elle a voulu lui faire appel. Il boitillait certes, mais en très grande forme ce qui faisait oublier sa maladie et son séjour à l'hôpital. L'apparition du maître était très émouvante. L'émotion était perceptible dans le public, mais surtout chez El-Hadj qui, apparemment, était avide de revoir ses fans. L'émotion était plus grande en entendant les youyous des femmes qui fusaient des gradins. L'orchestre était là au complet. Après une demi-heure d'Istikhbar, le maître l'invite à recommencer à jouer. Le maître semble n'avoir rien perdu de sa belle voix et de son jeu de guitare. Malgré sa maladie, l'artiste a paru très décontracté, sa voix encore plus puissante qu'auparavant. Le public s'est mis debout comme un seul homme pour chanter avec lui. Harraz Aouicha était la dernière qcida qu'il avait chantée avant l'entracte. Le vent très fort lors de la soirée n'avait influé en rien sur la volonté de l'artiste à faire plaisir à son public. Le maître revenait pour la seconde partie. Il avait interprété Twahecht el-Bahdja. El-Hachemi avait choisi de finir avec Youm el Djemaâ. Il est 1 heure du matin, Guerrouabi a quitté la scène après les traditionnels tabkaou aâla khir. Il avait promis une prochaine rencontre. Malheureusement, celle-ci ne se fera que lors de l'enterrement du maître. Repose en paix Cheikh. Désormais, Tetwahchek el- Bahdja !