Nous sommes en 1983, au petit matin dans les Alpes, le village de B. se réveille à peine. Déjà on entend les voitures qui filent sur la petite route, les travailleurs de l'aube rejoignent leurs chantiers ou leurs bureaux, les oiseaux chantent, le soleil se lève. Mais soudain, les oiseaux suspendent leurs chants pour un moment. Quelques coups de feu ont retenti. Pourtant, on n'est pas en période de chasse. les voisins dressent l'oreille. Qu'est-ce que ça peut bien être ? On jette un regard au-dehors à travers les rideaux de macramé. Tiens, une voiture qui démarre en trombe, une autre, une Master Renault beige, reste garée sur le bas-côté de la route. Rien ne bouge, personne ne sort du véhicule inconnu au quartier. Quelqu'un s'approche enfin, histoire de voir ce que c'est que cette camionnette qui n'est pas du quartier. A l'intérieur, la tête appuyée sur le volant, le conducteur semble dormir. Mais il ne dort pas : un filet de sang coule de sa tempe. De toute évidence cet homme, jeune encore, est mort. Et de mort violente. On lui a tiré dans la tête. Les gendarmes prévenus accourent. La victime ne porte pas de papiers d'identité, mais la voiture, elle, porte, comme de bien entendu, une plaque d'immatriculation. On se renseigne. Le véhicule appartient à une petite société et la petite société est au nom d'un Espagnol, M. M. Quelques années plus tard, M. Alonso s'entend condamner à quinze ans de réclusion criminelle pour le meurtre du chauffeur de la camionnette. Histoire compliquée dont le fil d'Ariane est une belle blonde qui collectionne les problèmes... Pour l'instant l'un des membres de la famille Alonso vient identifier la victime : Robert J., vingt-neuf ans, père de deux enfants et beau-frère de M. M. Ce M. M. possède donc une petite entreprise de peinture qu'il gère avec un associé, Joël R., le malheureux Robert était justement l'employé de son beau-frère. M. M., d'origine espagnole, possède, tout comme Joël, un alibi. A l'heure du crime il était dans son bureau, donnant et recevant des coups de téléphone. On le croit plus ou moins sur parole. On recherche une voiture bleue, une Simca qui n'aurait plus de feux arrière. Sans résultat probant. L'arme du crime ? Un Beretta, jamais retrouvé. L'affaire n'a pas de suite. Le crime reste mystérieux. Dossier classé. M. M. l'Espagnol, Paquito pour les intimes, est une personnalité pittoresque. Anarchiste, militant clandestin d'un groupuscule antifranquiste, poète, chanteur, animateur d'association culturelle, habitué à une vie pleine de risques et de passions, beau parleur, il plaît aux femmes bien qu'il ne soit pas beau selon les canons esthétiques classiques. Il plaît à Micheline, une femme qui, lorsqu'il la rencontre, est un peu à la dérive. A suivre