Le directeur du bureau de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à Alger, Dekkar Nourdine, a certifié hier au forum d'El Moudjahid que l'Algérie n'a enregistré pour le moment aucun cas de grippe aviaire. « La maladie est actuellement à la phase trois, c'est-à-dire elle est au niveau animal et elle passe difficilement vers l'homme », dira l'invité d'El Moudjahid. Pour lui, l'apparition d'une épidémie humaine n'est pas à écarter. « Cette zoonose deviendra un jour une maladie humaine. Quand le deviendra-t-elle ? Personne ne le sait », a-t-il ajouté, avant de préciser qu'elle touchera particulièrement les personnes jeunes et les adultes jeunes. Evoquant la situation de cette maladie au niveau mondial, M. Dekkar a signalé qu'elle a touché 150 000 volailles dans 31 pays dont 7 pays ont enregistré des cas humains et des décès qui sont au nombre de 93. En matière de prévention, le représentant de l'OMS a indiqué que les antiviraux sont un des moyens utilisés pour freiner la maladie à condition qu'ils soient administrés précocement. Concernant le vaccin contre cette maladie, M. Dekkar a souligné qu' il n'est pas encore mis au point. « Quand il sera fabriqué, les quantités ne seront pas suffisantes. D'ailleurs, l'OMS est en train de convaincre les groupes pharmaceutiques afin de s'engager dans cette recherche », a-t-il précisé. D'autres moyens nécessaires contre cette pandémie, poursuit-il, doivent être mis en place. Où en est-on en matière de lutte contre la grippe aviaire en Algérie ? M. Dekkar a estimé que l'Algérie a suivi toutes les recommandations de l'OMS pour ce qui est de la santé humaine ainsi que pour les dispositions relevant du secteur de l'agriculture. « Sa réaction face à la menace est satisfaisante », a-t-il estimé, en citant, entres autres mesures prises par les pouvoirs publics, la mise en place du comité national multisectoriel de lutte contre la grippe aviaire. « Mais de là à savoir comment les choses se font sur le terrain, c'est à vous les journalistes de nous le dire », a-t-il rétorqué. Il est aussi question, selon lui, de renforcer de la surveillance épidémiologique et virologique, la vaccination contre la grippe classique et développer le réseau des laboratoires. « Un seul laboratoire de virologie en Algérie, c'est insuffisant », a-t-il déploré, en espérant que la situation s'améliorera. « Il faut saisir l'opportunité de la menace de la grippe aviaire pour créer plusieurs centres de virologie et développer un partenariat scientifique avec les laboratoires universitaires. » Il a en outre reconnu qu'en cas de pandémie, « aucun pays n'a les moyens d'y faire face avec efficacité », car, a-t-il soutenu, la production d'un vaccin adapté au virus de la grippe aviaire demanderait plus de temps. Il a en revanche salué la coopération internationale en matière d'échange d'informations sur l'évolution du virus H5N1, notamment entre les huit laboratoires internationaux de virologie « hautement qualifiés et avalisés par l'ONU ». L'interconnexion entre ces huit laboratoires internationaux permet de connaître en temps réel l'évolution du virus, a-t-il dit, soulignant dans ce cadre qu'il existe une coopération internationale de qualité « jamais vue auparavant ». Le second volet abordé lors de cette conférence est lié aux maladies non transmissibles. Pour le représentant de l'OMS, l'Algérie est installée durablement dans le processus des maladies non transmissibles qui sont en croissance. Pour lui, d'ici à 2020, douze maladies et pas des moindres constitueront le véritable fardeau pour la santé publique si rien n'est fait. M. Dekkar a cité entre autres les maladies cardiovasculaires, les accidents de la circulation, la tuberculose, les accidents vasculaires cérébraux (AVC) et le sida. Il a signalé que l'OMS a adopté une approche intégrée contre ces maladies transmissibles. Chose qui a été recommandée aux pays en voie de développement afin de tenter de freiner l'évolution de ces maladies. « Comment peut-on lutter contre ces maladies si on ne s'attaque pas aux facteurs de risques ravageurs tels que le tabac », a-t-il signalé. Il regrette que l'Algérie n'ait pas ratifié la convention-cadre antitabac alors qu'elle est signataire de cette dernière.