Résumé de la 1re partie n La reine de ce pays était d'une grande sévérité : tout le monde avait peur d'elle et la détestait. Cependant la reine, qui sent vraiment qu'elle est trop sévère et même injuste, cherche à savoir ce que les gens pensent réellement d'elle. Et comme personne ne veut prendre le risque de lui dire la vérité, elle décide de faire son enquête. Elle s'habille en homme, met un burnous dont elle rabat le capuchon pour qu'on ne la reconnaisse pas et descend parmi le peuple. Elle va au souk, lieu très populeux, où se rencontrent toutes les catégories de la société et, se mêlant aux chalands, elle tend grand l'oreille. Et ce qu'elle entend n'est pas fait pour lui faire plaisir. «La reine a encore puni des innocents !» «Cette reine est injuste !» «Elle écoute trop ses conseillers qui l'incitent à opprimer le peuple !» «Que Dieu la maudisse !» «On ne peut plus la supporter !» Un homme intervient : «Elle n'est pas si mauvaise que cela, la reine ! Elle se laisse influencer par ses ministres et ses conseillers qui lui recommandent la sévérité ! — Qu'importe qu'elle ait de bons sentiments, le peuple, lui, ne voit de sa part qu'injustice et oppression !» Un autre homme incite les autres à la prudence : «Chut, on pourrait vous entendre et vous dénoncer, la reine vous châtierait aussitôt, comme elle a l'habitude de le faire !» La reine a envie d'intervenir pour dire à ces hommes qu'il ne lui déplaît pas d'entendre la vérité sur son compte ; elle voudrait aussi leur dire que désormais, elle ne se montrera plus injuste ni expéditive : elle écoutera chacun et ne punira que ceux qui auront commis des délits ; elle ne manquera pas de rétablir dans leurs droits ceux qui ont subi des préjudices. Mais elle n'en fait rien. Après tout, il ne sied pas à une reine de se montrer parmi son peuple, déguisée en homme, en train d'espionner de braves gens ! Elle se rend dans d'autres lieux publics et, là aussi, elle n'entend que plaintes et doléances : «La reine est trop sévère !» «La reine se laisse tromper par de vils flatteurs !» «Elle n'a pas conscience de ce qu'elle fait !» «Qui pourra lui dire la vérité ? — Hélas, personne ne peut lui faire entendre raison ! Tout ce qui est en notre pouvoir, c'est prier Dieu de nous délivrer de sa tyrannie !» Un tyran : voilà donc ce que ses sujets pensent d'elle, elle qui se croyait juste et impartiale. Mais cette impartialité n'est-elle pas plutôt l'expression d'une sécheresse, d'une rigueur que ses sujets lui reprochent justement ? «Cela ne peut plus durer, se dit la reine, je veux que les choses changent !» Et pour que les choses changent, la reine a décidé de changer elle-même, c'est-à-dire de renoncer à cette rigueur qui la caractérise. Oui, les choses doivent changer ! A suivre