Résumé de la 149e partie n La mère de Aziz soupçonne son fils d'être derrière les souffrances qui ont conduit à la mort de Aziza. Aziz sait que sa fiancée s'est sacrifiée sur l'autel de ses désirs. Pourtant, il l'aimait ! Puis ma mère ajouta : «De la sorte il me rendra son obligée, et je veillerai sur lui après ma mort comme j'avais veillé sur lui de mon vivant !» Ensuite elle souleva l'oreiller et, sous l'oreiller, elle prit un objet qu'elle me chargea de te donner ; mais elle me fit faire le serment de ne te donner cet objet que lorsque je t'aurais vu revenir à de meilleurs sentiments et pleurer sa mort et la regretter sincèrement. Or, moi, mon fils, je te garde soigneusement cet objet, et je ne te le donnerai qu'en te voyant remplir la condition imposée !» Alors moi je dis à ma mère : «Soit ! Mais tu peux bien me montrer cet objet !» Mais ma mère refusa avec énergie et me quitta. Or, tu peux constater, seigneur, combien à cette époque-là j'étais affligé d'étourderie et combien j'étais peu rassis de raison, puisque je ne voulais guère écouter la voix de mon cœur. Au lieu de pleurer ma pauvre Aziza et de porter son deuil en mon âme, je ne pensais qu'à m'amuser et me distraire. Et rien ne m'était plus délicieux que de continuer à me rendre chez mon amoureuse. Aussi, à peine la nuit venue, je me hâtai de me rendre chez elle ; et je la trouvai aussi impatiente de me revoir que si elle était assise sur le gril. Et à peine étais-je entré qu'elle courut à moi et se suspendit à mon cou et me demanda des nouvelles de ma cousine Aziza ; et quand je lui eus raconté les détails de sa mort et des funérailles, elle fut prise d'une grande compassion et me dit : «Ah ! que n'ai-je su, avant sa mort, les bons services qu'elle t'a rendus et son abnégation admirable ! Et comme je l'en eusse remerciée et récompensée de toute manière !» Alors, je lui dis : «Et surtout elle a bien recommandé à ma mère de me répéter, pour qu'à mon tour je te les dise, quatre mots, les derniers qu'elle ait prononcés : ”Que la mort est douce et préférable à la trahison !» Lorsque l'adolescente eut entendu ces paroles elle s'écria : «Qu'Allah l'ait en Sa Miséricorde ! Voici que, même après sa mort, elle te devient d'un grand secours ! Car elle te sauve par ces simples paroles, du projet de perdition que j'avais comploté contre toi et des embûches où j'avais résolu de te faire tomber !» A ces paroles étranges, je fus à la limite de l'étonnement et je m'écriai : «Que dis-tu là ? Comment ! nous étions liés par l'affection et tu avais résolu ma perte ! Quelles sont ces embûches où tu me voulais faire tomber ?» Elle répondit : «Enfant ! ô naïf ! Je vois que tu ne te doutes guère de toutes les perfidies dont nous, les femmes, sommes capables ! Mais je ne veux pas insister. Sache seulement que tu dois à ta cousine ta délivrance d'entre mes mains. Pourtant, je ne me désiste qu'à la condition que tu n'adresses jamais un regard ni une parole à une autre femme que moi, que cette femme soit jeune ou vieille. Sinon malheur à toi ! Ah oui, malheur à toi ! Car alors tu n'auras plus personne qui te tire de mes mains, puisque celle qui te fortifiait de ses conseils est morte. Prends donc bien garde d'oublier cette condition ! Et maintenant j'ai à te faire une prière !» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Le soir venu, elle dit : «Et maintenant j'ai à te faire une prière.» Je dis : «Laquelle ?» Elle dit : «C'est de me conduire vers la tombe de la pauvre Aziza pour que je la visite et écrive sur la pierre qui la recouvre quelques mots de déploration.» (à suivre...)