Résumé de la 118e partie n Pat rentre chez elle après avoir «bouclé» son reportage chez le sénateur Jennings, qui donne une réception pour Noël. Sam Kingsley y est invité, mais il a promis à Pat de la rejoindre. Tout cela ne signifie rien, pensa Pat. Absolument rien. Il était près de 23 heures lorsque le carillon de la porte d'entrée annonça l'arrivée de Sam. A 22h 30, prête à renoncer à le voir, Pat était montée dans sa chambre ; puis elle s'était dit que Sam aurait téléphoné s'il ne devait pas venir. Elle avait passé un pyjama d'intérieur en soie à la fois confortable pour traîner chez soi et suffisamment convenable pour recevoir des invités. Elle s'était ensuite lavé le visage, mis une ombre légère sur ses paupières et un soupçon de brillant sur les lèvres. Pas question d'avoir l'air d'un bonnet de nuit — surtout le soir où il vient de quitter la reine de beauté. Elle avait hâtivement suspendu les vêtements qu'elle avait laissés éparpillés dans la pièce. Sam était-il un homme ordonné ? Même cela, je l'ignore, songea-t-elle. La seule nuit qu'ils avaient passée ensemble ne leur avait certes pas donné des indications sur leurs habitudes réciproques. En rentrant dans la chambre du motel, elle s'était lavé les dents avec la brosse pliante qu'elle gardait toujours dans sa trousse de voyage. «Voilà exactement ce qu'il me faudrait», avait-il dit. Elle lui avait souri dans la glace. «L'un de mes passages préférés dans Prisonnier du passé est celui où le pasteur demande à Smithy et à Paula s'ils s'aiment au point d'utiliser la même brosse à dents.» Elle avait passé la sienne sous l'eau chaude. «Elle est à vous.» Cette brosse à dents se trouvait aujourd'hui dans un écrin en velours, dans le premier tiroir de la coiffeuse. Certaines femmes gardent des roses séchées ou entourent leurs lettres de rubans. Elle avait conservé une brosse à dents… Elle était en bas de l'escalier lorsque le carillon de l'entrée sonna. «Entrez, entrez, qui que vous soyez», cria-t-elle. Sam avait l'air contrit. «Pat, je suis navré. Je n'ai pas pu m'échapper aussi vite que je l'espérais. Ensuite, je suis rentré chez moi en taxi, j'ai déposé mes valises et pris ma voiture. Vous alliez vous coucher, peut-être ? — Pas du tout. Si vous faites allusion à cette tenue, c'est en termes techniques un pyjama d'intérieur, et selon la brochure de Saks, l'idéal pour passer une soirée à la maison avec quelques amis. — A condition de faire attention aux amis que vous recevez, insinua Sam. C'est un vêtement particulièrement sexy.» Elle lui prit son manteau ; le fin lainage gardait encore le froid du vent de l'extérieur. Il se pencha pour l'embrasser. «Désirez-vous boire quelque chose ?» Sans attendre sa réponse, elle le fit entrer dans la bibliothèque et lui désigna le bar d'un geste. Il remplit deux verres de cognac et lui en tendit un. «Je suppose que c'est toujours votre alcool préféré après le dîner ?» Elle hocha la tête et choisit à dessein le fauteuil à dos évasé, en face du canapé. Sam s'était changé en passant chez lui. Il portait un chandail écossais dans les tons bleu et gris qui s'accordaient avec le bleu de ses yeux et les reflets gris de ses cheveux bruns. Il s'installa sur le canapé et Pat crut déceler une sorte de lassitude dans ses gestes, dans les rides autour de ses yeux. (à suivre...)