Abandon Qu?ils soient chanteurs, musiciens, comédiens, dramaturges ou plasticiens? tous souffrent de l?indifférence, de l?ignorance et du mépris des institutions concernées. Nombreux sont ceux qui, individus ou groupes artistiques, se trouvent, en dépit de leur talent et leur créativité, livrés à eux-mêmes, ne trouvant pas un espace propice à leur épanouissement artistique, un lieu où ils peuvent se produire, s?accomplir, s?exprimer et en conséquence se faire connaître auprès du public. Nombreux sont ceux qui, dans l?ombre, attendent et espèrent être un jour vus, reconnus, promus. Qu?ils soient chanteurs, musiciens, comédiens ou dramaturges, plasticiens? tous souffrent de l?indifférence, de l?ignorance et du mépris des institutions concernées. Sofiane est un artiste peintre, un autodidacte. Plein d?esprit imaginatif, il peint depuis plusieurs années, mais les portes des galeries d?art lui ont été fermées avant même que le galeriste n?ait pris connaissance de son travail. « Les galeristes refusent, je ne sais pour quelle raison, de m?accorder une chance pour exposer. Aucun d?eux n?a voulu me prêter l?espace pour présenter mes peintures. Ils préfèrent faire connaître ceux qui sont déjà connus, qui ont déjà une longue carrière derrière eux, au lieu de promouvoir un jeune. Je ne comprends pas leur attitude ni leur raisonnement. Car dans leur discours, les galeristes prétendent promouvoir la culture dans ses différents âges, notamment la jeune création, il se trouve que les tableaux qui sont accrochés sur les cimaises des galeries, ce sont ceux des vieux», dit-il. Pareil scénario pour Fériel, dessinatrice-caricaturiste, Djaâfar (designer), Rachid (sculpteur). Tous sont jeunes, tous créent, et tous n?ont pas de lieux où ils peuvent exposer leur travail pour le faire partager avec le public, et en conséquence faire valoir leur art et leur talent. Le monde de l?édition se caractérise par le même phénomène. De jeunes écrivains ne trouvent pas d?éditeurs. «J?écris mais aucun éditeur n?a voulu publier mes écrits, les jugeant insuffisants, alors que mes nouvelles paraissent en France dans des revues spécialisées », déclare Samira. Un autre dit : «Une fois, je me suis présenté à une maison d?édition qui prétend s?assigner comme objectif de lancer les jeunes, faire émerger les jeunes talents. Or, en parlant avec l?éditeur, celui-ci m?a signifié que j?étais trop jeune pour me faire éditer, sans qu?il ait pris la peine de lire mes poèmes, il l?a fait mais en les survolant, en diagonal. Pire, il a égaré mon manuscrit.» Même scène pour les autres disciplines. Les directeurs de structures culturelles qui ont pour tâche de faire exploiter ces compétences inédites et, en conséquence, faire promouvoir ces jeunes créateurs, ont failli à leur devoir, à leur tâche. «Ils préfèrent faire revenir sur la scène les mêmes noms, ces «pseudo-artistes» qui ne font que dans le plagiat ou encore dans la médiocrité, au lieu de faire valoir les talents, ceux qui sont capables d?innover, de créer et d?apporter quelque chose de nouveau», déclare Redouane, un jeune rappeur qui, depuis plus d?une année, galère. Kaïs, un jeune cinéaste, a préféré aller à l?étranger pour exercer pleinement, sans contrainte, son métier. Le parcours de ces jeunes artistes voulant sortir de l?anonymat relève bel et bien de celui du combattant. Il faut lutter, parfois ruser et combiner pour parvenir à se faire une place. Malgré les difficultés et les obstacles, ces derniers refusent de baisser les bras. La nouvelle génération, face au mutisme des uns et à l?indifférence des autres, poursuit son combat.