En Algérie, l?artiste n?a pas de statut, il n?est point considéré ni reconnu pour son talent. La raison ? L?art et la culture sont deux données qui ne sont pas privilégiées et considérées par l?institution politique ; ce sont pourtant deux facteurs essentiels à l?épanouissement et à l?émancipation de la société. L?art et la culture sont vus comme des éléments accessoires, voire minoritaires. Pour les politiques de tout bord, ces deux éléments sont insignifiants et il n?est surtout pas utile d?en tenir compte. D?où le triste marasme dans lequel vivent nos artistes, donc la crise, voire l?énorme déficit dont pâtit la culture. Ainsi, beaucoup s?accordent à dire que le monde de l?art et de la culture, chez nous, connaît de terribles vicissitudes, que c?est un monde en perdition, que ceux qui l?incarnent, en particulier ceux de l?ancienne génération (encore vivants), emporteront avec eux dans leur tombe leur savoir et leur expérience. Nos artistes s?en vont et l?espoir d?une relève aussi. Et devant cette désolation, une question se pose : y a-t-il une relève chargée de soutenir les différentes composantes de l?art, de promouvoir ses effets esthétiques et d?assurer sa pérennité ? La disparition de tous ces acteurs (chanteurs, comédiens, musiciens?) qui ont conféré à la culture algérienne ses lettres de noblesse et l?ont portée haut à l?étranger est doublement significative : elle signifie en elle-même une double mort, d?abord celle des individus et ensuite celle des artistes, donc du cinéma, du théâtre, de la musique, de la peinture et bien d?autres domaines relatifs à l?art. La mort de l?art, c?est toute une histoire qui s?achève. C?est un art qui disparaît si rien n?est fait aujourd?hui, tant qu?il est encore temps afin de préserver cette mémoire. Et pour cela il est essentiel ? voire urgent ? de réhabiliter les artistes encore vivants en améliorant leur situation sociale et morale, tenant ainsi compte de leur témoignage et de leur expérience.