Résumé de la 159e partie n Aziz lit le papier que Aziza a confié à sa mère avant sa mort. Elle lui raconte les souffrances qu'elle a endurées. Comment avait-elle prévu tout cela et pourquoi ne l'avait-elle pas mis en garde ? La lettre de Aziza disait encore : «Garde, je te prie, par Allah, ce souvenir d'adieu, cette étoffe où se trouve brodée la gazelle. Elle me tenait compagnie durant tes absences. Elle me fut envoyée par une fille de roi, la Sett Donia, princesse des îles du Camphre et du Cristal. «Lorsque tu seras accablé par les malheurs, tu iras à la recherche de la princesse Donia, dans le royaume de son père qui est situé aux îles du Camphre et du Cristal. Mais, ô Aziz, sache que la beauté et les charmes inégalables de cette princesse ne te sont pas destinés. Ne va donc pas t'enflammer d'amour pour elle, car elle sera simplement pour toi la cause qui te tirera de tes afflictions et mettra fin aux tribulations de ton âme. «Ouassalam, ô Aziz !» A la lecture de cette lettre d'Aziza, ô prince Diadème, je fus encore plus ému de tendresse et je pleurai toutes les larmes de mes yeux, et ma mère pleura avec moi, et cela jusqu'à la tombée de la nuit. Et je restai dans cet état de tristesse morne, sans pouvoir m'en guérir, la longueur d'une année. Alors seulement je songeai au départ, pour aller à la recherche de la princesse Donia, dans les îles du Camphre et du Cristal. Et ma mère m'encouragea beaucoup à voyager, me disant : «Le voyage, mon enfant, te distraira et fera s'évanouir tes chagrins. Et justement il y a dans notre ville une caravane de marchands qui s'apprête au départ ; joins-toi à elle, achète ici des marchandises et pars. Puis, au bout de trois ans, tu reviendras avec la même caravane. Et tu auras oublié tout ce deuil qui pèse sur ton âme ! Et je serai alors heureuse de te voir la poitrine dilatée de nouveau !» Je fis donc ce que me disait ma mère et, ayant acheté des marchandises de prix, je me joignis à la caravane, et je me mis à voyager partout avec elle, mais sans avoir le courage d'étaler ma marchandise comme mes compagnons. Au contraire ! chaque jour je m'asseyais à l'écart et je prenais l'étoffe, souvenir d'Aziza, et l'étendais devant moi, et la regardais longtemps en pleurant. Et cet état continua de la sorte jusqu'à ce que, au bout d'une année de voyage, nous eussions atteint les frontières du royaume où régnait le père de la princesse Donia. C'étaient les sept îles du Camphre et du Cristal. Or, le roi de ces terres, ô prince Diadème, s'appelle le roi Schahramân. Et c'était bien lui, en effet, le père de la Sett Donia qui savait broder avec tant d'art les gazelles en question sur les étoffes de soie qu'elle envoyait à ses amies. Mais moi, en arrivant dans ce royaume, je pensai : «O Aziz, pauvre infirme, à quoi désormais peuvent te servir les princesses et toutes les adolescentes de la terre !» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et s'arrêta dans les paroles permises. Le soir venu, elle dit : ... A quoi désormais peuvent te servir les princesses et toutes les adolescentes de la terre ! Pourtant je me décidai, me souvenant des paroles d'Aziza, à commencer les recherches nécessaires et à prendre les renseignements qui pouvaient m'être utiles pour arriver à voir la fille du roi. Mais toutes mes peines furent vaines ; et nul ne sut m'indiquer le moyen que je cherchais. Et je commençais à me désespérer tout à fait quand, un jour, comme je me promenais dans les jardins qui entourent la ville, et que je sortais de l'un pour entrer dans l'autre, et que je tâchais, par le spectacle de la verdure, d'oublier mes soucis, j'arrivai à la porte d'un jardin aux arbres magnifiques dont la seule vue reposait l'âme endolorie. Et sur l'estrade d'entrée était assis le vieux gardien du jardin, un vénérable cheikh à bonne mine, de ceux sur le visage desquels est empreinte la bénédiction. (à suivre...)