Résumé de la 3e partie n Le père du prince Diadème envoie son vizir demander la main de Sett-Donia, mais la princesse refuse l'alliance. Le roi dit à son fils : «Et comment cela ?» Il répondit : «J'irai en qualité de marchand !» Le roi dit : «Dans ce cas, prends avec toi le vizir et Aziz.» Et aussitôt il fit acheter pour cent mille dinars de riches marchandises, qu'il lui offrit, et fit même vider dans les ballots des trésors contenus dans ses propres armoires. Et il lui donna cent mille dinars en or et des chevaux et des chameaux et des mulets et des tentes fastueuses doublées de soie aux couleurs agréables. Alors Diadème baisa les mains de son père et mit ses habits de voyage et alla trouver sa mère et lui baisa les mains ; et sa mère lui donna cent mille dinars et pleura beaucoup et appela sur lui la bénédiction d'Allah et fit des vœux pour la satisfaction de son âme et pour son retour en sécurité au milieu des siens. Et les cinq cents femmes du palais se mirent aussi notoirement à pleurer, en entourant la mère de Diadème, et en le regardant, silencieuses, avec respect et tendresse. Mais Diadème sortit bientôt de l'appartement de sa mère et emmena son ami Aziz et le vieux vizir et donna l'ordre du départ. Et comme Aziz pleurait, il lui dit : «Pourquoi pleures-tu, mon frère Aziz ?» Il dit : «Mon frère, je sens bien que je ne puis plus me séparer de toi ; mais il y a si longtemps que j'ai quitté ma pauvre mère ! Et maintenant que ma caravane va arriver dans mon pays, que deviendra ma mère quand elle ne me verra pas avec les marchands ?» Diadème dit : «Sois tranquille, Aziz ! Tu retourneras dans ton pays sitôt qu'Allah le voudra après nous avoir facilité les moyens de parvenir à notre but.» Et ils se mirent en route. Ils ne cessèrent donc de voyager en compagnie du sage vizir qui, pour les distraire et faire prendre patience à Diadème, leur racontait des histoires admirables. Et Aziz aussi récitait à Diadème des poèmes sublimes et improvisait des vers pleins de charme sur l'attente d'amour et sur les amants, tels que ceux-ci entre mille : «Je viens, amis, vous conter ma folie et comme l'amour a su me rendre enfant et jeune à la vie. «Toi que je pleure ! la nuit ravive en mon âme ton souvenir, et le matin jaillit sur mon front qui n'a point connu le sommeil. Oh ! quand donc, après l'absence, viendra le retour !» Or, au bout d'un mois de voyage, ils arrivèrent dans la capitale des îles du Camphre et du Cristal, et, en entrant dans le grand souk des marchands, Diadème sentit déjà s'alléger le poids de ses soucis, et des battements joyeux animèrent son cœur. Ils descendirent, sur l'avis d'Aziz, dans le grand khân, et louèrent pour eux seuls tous les magasins du bas et toutes les chambres du haut, en attendant que le vizir allât leur louer une maison dans la ville. Et ils rangèrent dans les magasins leurs ballots de marchandises et, après s'être reposés quatre jours dans le khân, ils allèrent visiter les marchands du grand souk des soieries. En chemin, le vizir dit à Diadème et à Aziz : «Je pense à une chose qu'il nous faudra faire avant tout, sans laquelle nous ne pourrions jamais atteindre le but souhaité.» Ils répondirent : «Nous sommes prêts à t'écouter, car les vieillards sont féconds en inspirations, surtout quand ils ont, comme toi, l'expérience des affaires.» (à suivre...)