Résumé de la 15e partie n Sett-Donia possède un jardin où elle se rend quelquefois. Le prince Diadème et le vizir décident d'aller le visiter. Alors le vieux prit l'argent et dit : «Entrez donc, mes hôtes, et prenez vos aises en attendant que je coure vous acheter ce qu'il faut pour manger.» Et il les fit pénétrer dans le jardin, pour aller au souk leur acheter les provisions de bouche et revenir bientôt avec un mouton rôti et des pâtisseries. Et ils s'assirent tous en rond sur le bord d'un ruisseau, et mangèrent leur plein. Alors le vizir dit au gardien : «O cheikh, ce palais qui est là, devant nous, a l'air en bien mauvais état. Pourquoi donc ne le fais-tu pas réparer ?» Alors le gardien s'écria : «Par Allah ! ce palais est celui de la princesse Donia, qui le laisserait tomber en ruines plutôt que de s'en occuper : elle vit trop retirée pour prêter son attention à ces choses-là.» Le vizir dit : «Que c'est dommage, ô brave cheikh ! Le rez-de-chaussée, au moins, devrait être un peu blanchi, ne fût-ce que pour tes propres yeux. Si tu veux, je ferai moi-même tous les frais de la réparation.» Le gardien dit : «Qu'Allah t'écoute !» Le vizir dit : «Prends alors ces cent dinars pour ta peine, et va chercher les maçons, et aussi un peintre qui soit fort versé dans la délicatesse du coloris.» Alors le gardien se hâta d'aller chercher les maçons et le peintre, auxquels le vizir donna les instructions nécessaires. En effet, une fois la grande salle du rez-de-chaussée bien réparée et bien blanchie, le peintre se mit au travail et, suivant les ordres du vizir, il peignit une forêt et, au cœur de la forêt, des filets tendus où un pigeon était pris et battait des ailes. Et lorsqu'il eut fini, le vizir lui dit : «Peins maintenant de l'autre côté la même chose, mais en figurant un pigeon mâle qui vient délivrer sa compagne et qui alors est capturé par l'oiseleur et sacrifié, victime de son dévouement.» Et le peintre exécuta le dessin en question ; puis, largement rétribué, il s'en alla. Alors le vizir et les deux jeunes gens et le gardien s'assirent un instant pour bien juger de l'effet et du ton. Et Diadème, malgré tout, était triste ; et il regardait cela, tout songeur ; puis il dit à Aziz : «Mon frère, dis-moi encore quelques vers pour faire diversion aux tortures de mes pensées.» Et Aziz dit : «Ibn-Sina, dans ses écrits sur la médecine, prescrit ceci comme remède suprême : la souffrance d'amour n'a d'autre remède que le chant bien rythmé et la coupe légère dans les jardins ! «J'ai suivi les paroles d'lbn-Sina, mais sans résultat, hélas ! Alors, pour essayer, je courus à d'autres amours, et je vis le Destin me sourire et me dispenser la guérison. «Ibn-Sina, tu t'es trompé ! La seule médecine à l'amour, c'est encore l'amour !» Alors Diadème dit à Aziz : «Le poète a peut-être raison. Mais, comme c'est difficile, quand la volonté s'en est allée !» Puis ils se levèrent et saluèrent le vieux gardien et rentrèrent à la maison, retrouver la vieille nourrice. Or, comme la semaine était écoulée, Sett-Donia voulut, selon son habitude, faire sa promenade dans le jardin. Mais alors elle sentit combien sa vieille nourrice lui manquait, et elle se désola et fit un retour sur elle-même et s'aperçut qu'elle avait été inhumaine à l'égard de celle qui lui avait tenu lieu de mère ; et aussitôt elle envoya un esclave au souk et un autre esclave chez toutes les connaissances de Doudou pour la chercher et la ramener. (à suivre...)