Initiative n L'espace de quelques heures, toute la famille mouloudéenne a mis de côté ses querelles pour rendre hommage à l'un de ses enfants qui a marqué l'histoire du club. Ce petit bout d'homme, Aïssa Draoui, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a fait vibrer toute une nation à chacune de ses apparitions sur un rectangle vert par ses prouesses techniques inimitables. La Fondation Braham-Derriche, une autre figure du Doyen, a eu l'ingénieuse idée d'organiser un grand tournoi en hommage à celui qui était un des joueurs du grand MCA des années 70. Draoui, qui a tant donné au football en général et au Mouloudia en particulier, n'a malheureusement pas eu les mêmes égards en contrepartie. Au contraire, les responsables de ce sport lui ont tourné le dos au point qu'il a cédé psychologiquement. Ce fin technicien au pied gauche magique, qui s'est éteint le 22 juillet dernier dans un hôpital à Constantine dans l'indifférence totale, méritait beaucoup plus d'attention de son vivant. L'un des meilleurs dribbleurs que le football national a enfanté, est mort à l'âge de 56 ans dans une situation sociale très précaire. Devenu dépressif, Draoui s'est retrouvé à la fin de sa carrière dans cet état à cause de l'indifférence de ceux qui devaient l'encadrer et lui rendre, ne serait-ce qu'un peu de ce qu'il a donné au MCA et à l'équipe nationale. Celui qui était une star, un joueur adulé et aimé par tout le peuple, s'est retrouvé, du jour au lendemain, simple ouvrier au complexe pétrochimique de Skikda, sa ville natale. Entre la gloire et la notoriété d'avant et l'indifférence et l'oubli d'après, les nerfs du gaucher des Verts ont craqué, ce qui lui a valu plusieurs séjours dans des hôpitaux psychiatriques. En dépit de quelques tentatives de la part des responsables qui se sont succédé à la tête du MCA, l'état de santé de Draoui ne cessait de s'aggraver. D'ailleurs, sa dernière hospitalisation lui a été fatale. Admis à l'hôpital Djebel El-Ouahch de Constantine le 13 juillet dernier, l'intenable ailier gauche en est sorti pour rejoindre directement sa dernière demeure, une dizaine de jours après. La mort de Draoui a sûrement affecté beaucoup de proches non par des liens de sang, mais par des liens d'amitié notamment ceux avec lesquels il faisait les beaux jours du football national en général et celui du MCA en particulier. Un mois et quelques jours après sa mort, un vibrant hommage lui a été rendu, hier, au stade du 5-Juillet en présence de la famille mouloudéenne, toutes tendances confondues. On pouvait voir Bachi, Drif, Bencheikh assis à côté du Docteur Messaoudi, Chaâbane Lounes et autres actuels dirigeants du club dont les divergences sont un secret de Polichinelle. Même mort, Draoui rend service au Doyen en ce sens qu'il a réussi à réunir ceux qui ne pouvaient même pas sentir la présence des autres. Ce n'est pas étonnant pour un homme qui a si bien su illuminer les terrains de football par ses prouesses techniques. Un hommage à un génie qui aurait mérité plus de reconnaissance parce qu'il a tout de même mis du baume aux cœurs des Algériens. Repose en paix l'artiste, ton nom sera gravé à jamais dans la mémoire du football national.