Chorégraphie L?Etablissement Arts et Culture de la wilaya d?Alger a présenté à la salle Ibn Khaldoun L?Algérie avant tout, une pièce de théâtre donnée par la troupe théâtrale Praxis de Miliana. L?Algérie avant tout s?avère plutôt une performance chorégraphique mêlée d?expression théâtrale. Il s?agit d?une forme de spectacle expérimentale, d?une recherche menée sur une nouvelle forme d?expression artistique et esthétique. La pièce, si on peut l?intituler ainsi, est une succession de mouvements abondants, exubérants exécutés avec frénésie, se heurtant dans l?anarchie. A travers cette gestuelle, cette expression corporelle, la pièce retrace le parcours difficile et éprouvant qu?a traversé l?Algérie tout au long de la décennie noire, une période macabre et traumatisante, l?une des plus pénibles et douloureuses de son histoire. Ont participé à cette manifestation chorégraphique et théâtrale vingt-six comédiens et comédiennes, vingt-six personnages s?exhibant dans l?espace scénique, un espace devenant pour tous ses protagonistes un lieu d?expression, un lieu du «dit»? L?intérêt est porté non pas sur la scène et ce qui l?anime, mais au-delà, à l?arrière-plan, où est dressé un écran sur lequel sont projetées des ombres mouvantes, fuyantes? Ce voile-écran donne aux mouvements des personnages tout leur intérêt, toute leur expression, une expression qui culmine à chaque mouvement accompli. L?intérêt est porté sur l?espace : la scène, nue et indéfinissable, se métamorphose, change de décor, elle revêt une existence nouvelle, une autre réalité spatiale et même temporelle. Les protagonistes, après l?avoir conquise, envahie, s?inscrivent sur les lieux où ils se situent, placent leurs repères par leur attitude, par leur personne, leur caractère, leur tempérament, leur psychologie. L?espace réceptionne les gestes, ces mouvements corporels que propagent çà et là, les comédiens qui agissent fortement sur l?espace et le gèrent selon leur inspiration, leur vision, leur pulsion? Karahcen Sid-Ahmed, metteur en scène, expérimente un langage, une nouvelle forme d?expression ; ce n?est pas lui qui conçoit le spectacle, façonne les gestes, crée la chorégraphie. Ce sont bien les comédiens et comédiennes qui, à chaque mouvement, développent des comportements, définissent l?espace scénique. L?on peut dire que la mise en scène est d?emblée collective. L?Algérie avant tout est un spectacle qui plonge le spectateur dans un climat spatial, singulier, une sorte d?extase. Un flux de sentiments réciproques naîtra d?une vraie compilation entre comédiens et spectateurs et mènera, à la fin du spectacle, à un bonheur partagé.