Résumé de la 11e partie n Le prince Diadème envoie une lettre d'amour à Sett-Donia. Lorsque la princesse Donia eut pris connaissance du contenu, elle s'écria : «Oh ! l'effronté marchand ! Comment ose-t-il lever les yeux jusqu'à moi ?» Et, de rage, elle se frappa les joues de ses mains et dit : «Je devrais le faire pendre à la porte de sa boutique, ce misérable !» Alors la vieille, d'un air innocent, demanda : «Qu'y a-t-il donc de si effroyable dans cette lettre ? Le marchand réclamerait-il par hasard un prix exorbitant pour la robe en question ?» Elle dit : «Malheur il ne s'agit là que d'amour et de passion !» La vieille répliqua : «C'est de l'audace, vraiment ; aussi devrais-tu, ô maîtresse, répondre à cet insolent pour le menacer, s'il continue !» Elle dit : «Oui, mais j'ai peur que cela ne contribue à l'enhardir encore !» La vieille répondit : «Que non ! Cela le fera rentrer en lui-même !» Alors Sett-Donia dit : «Donne-moi mon écritoire et mon calam !» Et elle écrivit ceci en construction de vers : «Aveugle qui t'illusionnes, tu demandes à parvenir à l'astre, comme si jamais mortel a pu atteindre à l'astre des nuits ! «Or, moi, pour t'ouvrir les yeux, je jure, par la vérité de Celui qui t'a formé d'un ver de terre et a créé de l'infini la virginité des astres immaculés, que si tu oses répéter ton acte effronté, on te crucifiera sur une planche coupée dans le tronc de quelque arbre maudit. Et tu serviras d'exemple à tous les insolents !» Puis, ayant cacheté la lettre, elle la remit à la vieille ; celle-ci courut aussitôt la porter à Diadème, qui brûlait dans l'attente. Et Diadème, après l'avoir remerciée, ouvrit la lettre et, sitôt qu'il l'eut parcourue, fut pris d'un chagrin extrême et dit tristement à la vieille : «Elle me menace de la mort, mais je ne crains point la mort, car la vie m'est plus pénible. Et, au risque de mourir, je veux lui répondre !» La vieille dit : «Par ta vie qui m'est chère ! Je veux t'aider de tout mon pouvoir et partager avec toi tous les risques ! Ecris donc ta lettre et me la donne !» Alors Diadème cria à Aziz : «Donne à notre bonne mère mille dinars ! Et confions-nous à Allah Tout-Puissant !» Et il écrivit sur le papier les strophes suivantes : «Voici que, pour mon souhait du soir, elle me menace du deuil et de la mort, ignorant que la mort c'est le repos et que les choses n'arrivent qu'au signe du Destin. Par Allah ! Sa pitié ne devrait-elle pas un peu aller à ceux dont l'amour est voué aux très pures et très hautes que les yeux des humains n'osent regarder ? «O mes désirs ! mes vains désirs ! Ne souhaitez plus rien et laissez mon âme s'ensevelir dans sa passion sans espérance ! «Mais toi, femme au cœur dur, ne crois point que je laisserai l'oppression devenir ma dominatrice. Et plutôt que de souffrir d'une vie sans but désormais et toute de douleur, je laisserai mon âme s'envoler avec mes espoirs !» Et il remit, les larmes aux yeux, la lettre à la vieille, en lui disant : «Nous te dérangeons inutilement, hélas ! je sens bien que je n'ai plus qu'à mourir !» Elle lui dit : «Laisse-là ces tristes et faux pressentiments, et regarde-toi, ô bel adolescent ! N'es-tu point le soleil lui-même ? Et n'est-elle pas la lune ? Et comment veux-tu que moi, celle dont la vie entière s'est écoulée dans les intrigues d'amour, je ne sache pas unir vos beautés ? Tranquillise donc ton âme et calme les soucis qui te désolent ! Bientôt je t'apporterai des nouvelles de joie !» Et, sur ces paroles, elle le quitta... (à suivre...)