Résumé de la 10e partie n Sett-Donia est émerveillée par la pièce de tissu que sa nourrice a apportée. La vieille lui décrit le marchand… Mais Donia s'écria : «O nourrice, assez ! Comment oses-tu me parler d'un homme, et quelle fumée te noircit la raison ? Ah ! tais-toi ! Et donne-moi cette robe, que je la touche et que je la voie de plus près.» Et elle prit l'étoffe et se mit à la caresser et à la draper sur sa taille en se tournant vers sa nourrice, qui lui dit : «Maîtresse, tu es belle ainsi, mais comme un couple de beauté est préférable à l'unité ! O Diadème... !» Mais Sett-Donia s'écria : «Ah ! possédée Doudou, perfide Doudou ! Ne dis plus rien. Mais va chez ce marchand et demande-lui s'il a un souhait à formuler ou un service à demander ; et aussitôt le roi mon père lui donnera satisfaction !» La vieille se mit à rire et dit, en clignant de l'œil : «Un souhait ? Par Allah ! Je crois bien ! Qui n'a pas de souhait ?» Et elle se leva en toute hâte et courut à la boutique de Diadème. En la voyant arriver, Diadème sentit son cœur s'envoler de joie, et il lui prit la main et la fit s'asseoir à côté de lui et lui fit servir des sorbets et des confitures. Alors la vieille lui dit : «Je t'annonce la bonne nouvelle ! Ma maîtresse Donia te salue et te dit : ”Tu as honoré notre ville de ta venue et tu l'as illuminée. Et si tu as un souhait à faire, formule-le !”» A ces paroles Diadème se réjouit à la limite de la réjouissance et sa poitrine se dilata d'aise et d'épanouissement et il pensa en son âme : «L'affaire est faite !» Et il dit à la vieille : «Je n'ai qu'un vœu : que tu fasses parvenir à Sett-Donia une lettre que je vais lui écrire et tu m'en apporteras la réponse !» Elle répondit : «J'écoute et j'obéis !» Alors Diadème cria à Aziz : «Donne-moi l'écritoire de cuivre, le papier et le calam !» Et, Aziz les lui ayant apportés, il écrivit cette lettre en vers cadencés : «Le papier que voici te porte, ô très haute, les choses multiples, les choses diverses que j'ai trouvées en fouillant un cœur atteint du mal de l'attente ! «Je mets en première ligne les signes du feu qui me brûle au-dedans ; en seconde ligne mon désir et mon amour ; «En troisième ligne ma vie et ma patience ; en quatrième ligne mon ardeur entière ; en cinquième ligne l'extrême envie de mes yeux à se réjouir ; «Et en sixième ligne une demande de rendez-vous !» Puis, au bas de la lettre, il mit ceci en guise de signature : «Cet écrit en vers rythmés et sertis à ta beauté est de la main de l'esclave de ses longs désirs, de l'enfermé dans la prison de sa douleur, du malade de ses tortures, du postulant de tes regards, le marchand Diadème.» Alors il relut sa lettre, la sabla, la plia, la cacheta et la remit à la vieille en lui glissant dans la main une bourse contenant mille dinars pour ses bons services. Et la vieille, après ses vœux pour la réussite, revint en toute hâte près de sa maîtresse qui lui demanda : «Eh bien ! ma bonne Doudou, dis-moi ce qu'a demandé ce marchand, que j'aille aussitôt prier mon père de le satisfaire !» La vieille dit : «En vérité, ô maîtresse, je ne sais ce qu'il demande, car voici une lettre dont j'ignore le contenu.» Et elle lui remit la lettre. (à suivre...)