Résumé de la 13e partie n La correspondance continue, par l'intermédiaire de la vieille Doudou, entre Sett-Donia et le prince Diadème. «Je branle la tête, les yeux fermés, et je songe à l'adversité où je plonge sans espoir jamais de délivrance. «Ma patience et mon courage sont finis, consumés dans l'attente d'un amour qui se refuse ! «O l'impitoyable aux cheveux de nuit, es-tu donc si assurée contre les coups du destin et les accidents du sort capricieux, pour ainsi te plaire à torturer le malheureux qui t'appelle ?... «Comprends ! Un malheureux qui, pour ta beauté, a quitté son père, sa maison, sa patrie et les yeux des favorites !» Puis Aziz tendit à Diadème le papier sur lequel il venait de tracer cette construction rimée. Et Diadème, ayant récité les vers pour en apprécier la tonalité, se déclara satisfait de leur allure générale et dit à Aziz : «C'est excellent !» Et il remit la lettre à la vieille nourrice qui courut aussitôt la porter à Donia. Lorsque la princesse eut pris connaissance de la missive, sa colère bouillonna contre la vieille et elle s'écria : «Maudite nourrice, Doudou de calamité, c'est toi seule qui es la cause de toutes ces humiliations que je subis ! Ah ! vieille de malheur, je ne veux plus te voir devant mes yeux ! Sors vite d'ici ou je vais te faire mettre le corps en lambeaux sous les lanières des esclaves ! Et je te casserai moi-même les os avec mes talons !» Alors la vieille nourrice sortit précipitamment, comme Donia se disposait, en effet, à appeler les esclaves ; et elle se hâta d'aller raconter son malheur aux deux amis et se mettre sous leur protection. A cette nouvelle, Diadème fut très affecté et il dit à la vieille en lui touchant gentiment le menton : «Par Allah ! ô notre mère, je sens à cette heure doubler mes chagrins à te voir supporter de la sorte les conséquences de ma faute !» Mais elle répondit : «Sois tranquille, mon fils, je suis loin de renoncer à la réussite. Car il ne sera jamais dit que j'aie été, une fois dans ma vie, impuissante à unir les amoureux ! Et la difficulté ici m'incite encore davantage à user de toute ma rouerie pour te faire parvenir au but de tes désirs !» Alors Diadème demanda : «Mais dis-moi enfin, ô notre mère, quelle est donc la cause qui a poussé Sett-Donia à prendre ainsi tous les hommes en horreur ?» La vieille dit : «C'est un songe qu'elle a eu !» Il s'écria : «Un songe, pas plus ?» Elle dit : «Simplement ! Le voici.» «Une nuit que la princesse Donia était endormie, elle vit en rêve un oiseleur qui tendait des filets dans une clairière, et qui, après avoir semé des grains de blé tout autour, sur le sol, s'éloigna et se tint à l'affût à attendre la chance. «Or, bientôt, de tous les points de la forêt, accoururent les oiseaux et s'abattirent sur les filets. Et, parmi tous ces oiseaux qui becquetaient les grains de blé, il y avait deux pigeons, le mâle et la femelle. Et le mâle, tout en becquetant, faisait de temps en temps la roue autour de son épouse, sans prendre garde aux lacets qui le guettaient : aussi, dans un de ces mouvements, sa patte fut prise dans les mailles qui se rétrécirent et s'embrouillèrent et le firent prisonnier. Et les oiseaux, effrayés de ses coups d'aile, s'envolèrent tous avec bruit. «Mais la femelle laissa là éparse la nourriture et, courageusement, n'eut d'autre souci que de délivrer son époux. Et du bec et de la tête elle travailla si bien qu'elle lacéra le filet et finit par délivrer son mâle imprudent, avant que l'oiseleur eût le temps de venir s'en emparer. Et elle s'envola avec lui, fit une promenade dans l'air, pour revenir becqueter les grains, autour des lacets. (à suivre...)