Résumé de la 14e partie n Sett-Donia renvoie sa nourrice, qui trouve refuge auprès du prince Diadème. La vieille Doudou continua : «De nouveau, le mâle se mit à tourner autour de la femelle qui, en reculant pour éviter ses déclarations sans répit, s'approcha trop, par inadvertance, des mailles, où elle fut prise à son tour. Alors le mâle, loin de se préoccuper du sort de sa compagne, s'envola à tire-d'aile avec tous les oiseaux et laissa de la sorte l'oiseleur courir s'emparer de la captive, qui fut sur l'heure égorgée ! A ce songe, qui la saisit d'émotion, la princesse Donia se réveilla tout en larmes et m'appela pour me raconter, tremblante, sa vision, et conclure en s'écriant : ”Tous les mâles se ressemblent, et les hommes doivent être pires que les animaux ; il n'y a, pour une femme, rien de bon à espérer de leur égoïsme ! Aussi, je jure devant Allah que jamais je ne connaîtrai l'horreur de leur approche !”» Lorsque le prince Diadème entendit ces paroles de la vieille, il lui dit : «Mais, ô notre mère, ne lui as-tu donc pas dit que les hommes n'étaient pas tous comme ce traître de pigeon et que les femmes n'étaient pas toutes comme sa fidèle et malheureuse compagne ?» Elle répondit : «Rien de tout cela ne put depuis la fléchir ; et elle vit solitaire dans l'adoration de sa seule beauté !» Diadème dit : «O ma mère, je t'en prie, il me faut tout de même, au risque de mourir, la voir, ne fût-ce qu'une fois, et me pénétrer l'âme d'un seul de ses regards ! O vieille bénie, fais cela pour moi, en tirant quelque moyen de ta fertile sagesse !» Alors la vieille dit : «Sache, ô lumière de mes yeux, qu'au bas du palais où habite la princesse Donia, il y a un jardin réservé à ses seules promenades, et où elle vient une fois par mois seulement, accompagnée de ses suivantes, et après avoir pris la précaution, pour éviter les regards des passants, d'y pénétrer par une porte secrète. Or c'est justement dans une semaine le jour de promenade de la princesse. Et c'est moi-même qui viendrai te servir de guide et te mettre en présence de l'objet aimé. Et je suis persuadée que, malgré toutes ses préventions, lorsque la princesse t'aura seulement vu, elle ne pourra qu'être vaincue par ta beauté car l'amour est un don d'Allah et vient quand il lui plaît !» Alors Diadème respira un peu plus à son aise et remercia la vieille et l'invita, puisqu'elle ne pouvait plus se présenter devant sa maîtresse, à accepter l'hospitalité de sa maison. Et il ferma la boutique ; et tous trois prirent le chemin du logis. En route, Diadème se tourna vers Aziz et lui dit : «Mon frère Aziz, comme je ne vais plus avoir le loisir d'aller à la boutique, je te la cède entièrement. Et tu en feras ce que bon te semble !» Et Aziz répondit par l'ouïe et l'obéissance. Sur ces entrefaites, ils arrivèrent à leur maison et se hâtèrent de mettre le vizir au courant de toute l'histoire, et lui parlèrent aussi du songe de la princesse et du jardin où l'on devait tenter de la rencontrer. Et ils lui demandèrent son avis sur la question. Alors le vizir réfléchit pendant un bon moment, puis il releva la tête et leur dit : «J'ai trouvé la solution ! Allons d'abord au jardin pour bien examiner les lieux.» Et il laissa la vieille au logis et se dirigea aussitôt avec Diadème et Aziz vers le jardin de la princesse. Lorsqu'ils y arrivèrent, ils virent, assis à la porte, le vieux gardien qu'ils saluèrent et qui leur rendit leur salut. Alors le vizir, avant tout, commença par glisser dans la main du vieux cent dinars en lui disant : «Brave oncle, nous désirerions tant entrer nous rafraîchir l'âme dans ce beau jardin et manger un morceau près des fleurs et de l'eau ! Car nous sommes des étrangers qui cherchons partout les beaux endroits où se réjouir !» (à suivre...)