Evocation n Le Musée des beaux-arts organise, demain, une exposition-rétrospective de l'artiste Mahieddine Baya. «C'est une exposition-rétrospective, mais aussi un hommage que nous tenons à rendre à celle qui a marqué la peinture algérienne», a dit M'Hamed Orfali Dalila, directrice du Musée national des beaux-arts lors d'un point de presse organisé à la salle Frantz Fanon (Riad-el-Feth). Et de souligner : «Il faut rappeler que depuis 1963 aucune autre exposition n'a été consacrée à Baya.» L'oratrice a, par ailleurs, annoncé que quatre-vingts tableaux y seront exposés. «Outre la collection du musée, il y a aussi des tableaux qui appartiennent à des collections privées. Il y a également 50 œuvres que le fils de Baya, Othman Mahieddine, a tenu à nous prêter», avant de préciser que certains tableaux n'ont jamais été montrés au public. Pour sa part, Othman Mahieddine s'est félicité de cette initiative la qualifiant d'un devoir de mémoire. «On a tendance aujourd'hui d'oublier, et cette exposition que l'on consacre à ma mère se veut une manière d'agir contre l'oubli, l'oubli de ma mère mais aussi de tous ces artistes qui ont tant donné à l'Algérie.» Plus tard, M'Hamed Orfali Dalila, en revenant sur l'artiste, a relevé que Baya, qui, à son époque, est apparue pour la première, en 1947, comme une révélation, est un vaste sujet, s'y aventurer, c'est se perdre dans les méandres d'une peinture à la fois naïve et complexe, un art profond et composé. Et de dire aussi : «Baya est un nom qui, dès le début, a embarrassé, chamboulé l'art et notamment les critiques d'art. C'est en 1947 qu'est venue Baya à l'art, elle était arrivée à un moment où les plasticiens européens se trouvaient dans l'impasse. Elle avait bouleversé la vision déjà admise de l'art.» Si Baya est parvenue à s'imposer comme telle, c'est-à-dire comme un nom, une référence dans le domaine de l'art, c'est uniquement parce qu'elle est un événement, un phénomène artistique à part entière. «Baya, a indiqué l'oratrice, est un phénomène, une révolution internationale ; quant à son intérêt pour l'Algérie, c'est bien son art, sa créativité, son imagination particulière. Baya est aussi une personnalité : elle a un caractère parce qu'elle s'est détournée des modèles d'esthétiques déjà existants.» En somme, elle s'est forgé un art ; c'est une école, une référence en matière de peinture. C'était, à l'époque, une approche nouvelle et individualisée de l'art. «Elle a apporté un langage nouveau, neuf et sans le vouloir un langage sincère, authentique, voire inspiré.» «Son langage n'était pas un mimétisme, mais un langage profondément senti.» Il est à souligner que cette exposition entre dans le cadre de «Alger, capitale de la culture arabe» et qu'elle s'inscrit dans un cycle d'hommages pour les grands noms de la peinture algérienne que le Musée national des beaux-arts s'emploie, depuis une année, à initier, et cela à travers des expositions.