Les deux points essentiels qui, dans la rencontre de Moïse avec Dieu, ont fixé tout particulièrement l'attention des théologiens et des mystiques de l'islam sont : la parole de Dieu et le refus de la vision. Dieu a véritablement parlé à Moïse, directement et à haute voix, pour lui communiquer une révélation et lui annoncer Sa décision : « Je suis, en vérité, Moi, Dieu. Nulle divinité en dehors de moi. Adore-moi. Prie pour te souvenir de Moi.» Et d'ajouter : «Je t'ai choisi parmi les hommes pour exécuter une mission et transmettre Mes messages.» Cette mission qui, selon le Coran, doit être accomplie auprès de tous les hommes, à commencer par le pharaon et principalement les fils d'Israël, est une invitation de tous les hommes à adorer Le même et seul vrai Dieu et à se conformer à Ses lois. Moïse apparaît ainsi comme un messager chargé de prêcher les hommes et de leur transmettre les lois de Dieu qui se révèle à lui non comme le «Dieu de ses pères» mais comme son Seigneur. Telle est la vocation qui lui est fixée par Dieu. Moïse veut cependant dépasser les limites de cette vocation et parvenir à une connaissance plus directe et plus parfaite du Souverain-Maître : «Seigneur, permets que je Te voie.» Mais la demande est imprudente, car nul ne peut soutenir la vision de Dieu ni espérer acquérir, sans péril, une connaissance inaccessible aux hommes, parce que dépassant leur nature. C'est le sens du refus signifié sous forme de parabole à Moïse, dans son propre intérêt. Il comprit ainsi que la connaissance absolue et la vision directe de Dieu étaient impossibles, que l'irradiation de Sa seule gloire anéantirait les montagnes, à plus forte raison les hommes plus faibles encore. Malgré sa haute mission, Moïse doit s'incliner devant cette loi immuable : nul ne peut voir Dieu ni Le connaître d'une manière absolue. Est-ce que Jésus a parlé à Dieu ? Selon la théologie islamique, la réponse est négative. Entre Dieu et lui, le Coran fait état d'une interlocution indirecte. Il semble que ce fut par l'entremise de l'ange Gabriel, surnommé l'Esprit Saint. Connaissait-il Dieu ? Interpellé sur la déité qu'on lui attribuait, Jésus répondit par la négative. Dieu et Jésus étaient-ils une seule personne? Non, répond le Coran. Jésus n'était ni plus ni moins qu'Adam dans ses rapports avec Dieu. A-t-il vu Dieu ? Non, répond le Coran, ce n'était qu'un prophète. Dans le sermon sur la Montagne, il est question cependant de vision béatifique : «Bienheureux ceux qui ont le cœur pur parce qu'ils verront Dieu.» Mais il ne dit pas qu'il a lui-même vu Dieu car il ne s'agit que d'une promesse.