Mémoire n La Bibliothèque nationale a rendu, hier, un hommage à Mahfoud Kaddache, universitaire et historien. Amine Zaoui, directeur de la Bibliothèque, a estimé que Mahfoud Kaddache est plus qu'un intellectuel ou encore un universitaire, «c'est un historien qui a consacré toute sa vie à l'étude, à la recherche et à l'analyse de l'histoire de l'Algérie». Il rêvait non pas d'une histoire coloniale ou nationaliste mais d'une histoire authentiquement algérienne aussi bien dans sa richesse et sa pluralité que dans sa contradiction et sa disparité. Pour sa part, Mohamed El-Korso, universitaire, a évoqué l'historien comme un maître. «J'étais son disciple», a-t-il dit. Il s'est consacré à l'étude, à la recherche et à l'écriture de notre histoire avec le seul souci de permettre à l'Algérie de recouvrer son identité culturelle et ses attributs historiques». L'intervenant a, par ailleurs, salué le génie de Mahfoud Kaddache qui a appliqué une méthode rigoriste quant à l'écriture de l'histoire. «C'est un homme qui a mis en œuvre une méthodologie aidant à approcher l'histoire de l'Algérie», a-t-il expliqué en déplorant que ses travaux ne soient pas, pour la plupart, traduits en langue arabe et, en conséquence, enseignés à l'université. «Peu, voire très peu d'étudiants connaissent sa bibliographie», a-t-il regretté. Et de s'interroger : «Vu que le niveau de l'enseignement a sensiblement régressé, notre université est-elle en mesure aujourd'hui de produire un homme à l'image de Mahfoud Kaddache ?» De son côté, Saâd El-Kenz, universitaire, a estimé que «la disparition de Mahfoud Kaddache est une perte», que c'est un homme qui s'était infligé «une rigueur dictatoriale dans ses recherches et ses travaux» et ce, dans le seul but «d'arpenter notre mémoire». «C'est un pédagogue à l'esprit pénétrant, poursuit-il, un didacticien de l'histoire. Il interrogeait les textes, les écrits, il ne s'intéressait qu'aux faits rien qu'aux faits.» Né en 1921 à la Casbah d'Alger, Mahfoud Kaddache, orphelin de père, a suivi une scolarité brillante, en décrochant successivement son Certificat d'études primaires, puis le brevet élémentaire. En accédant à l'Ecole normale, il obtient son brevet supérieur, puis sa licence d'histoire, et quelques années plus tard, le diplôme d'études supérieures puis le doctorat d'Etat. A l'indépendance, il exerce en tant que professeur d'histoire à l'université d'Alger, puis inspecteur général auprès du ministère de l'Education nationale. C'est en tant qu'historien justement qu'il eut à publier des ouvrages d'une extrême importance pour l'histoire de l'Algérie et du Maghreb. Il est, entre autres, l'auteur de L'Histoire du nationalisme algérien.