Résumé de la 2e partie n Le professeur Foster survit à ses blessures et reprend ses recherches, mais il perd peu à peu l'ouïe. Il n'entend plus que la voix de sa femme, Lucy. Henry Foster reprit : «J'ai une explication possible. Un phénomène purement physique de fréquence. La fréquence de ta voix doit être la seule accordée à mon entendement.» Lucy aime son mari, elle éprouve non seulement de l'admiration pour le savant, mais une tendresse profonde pour l'homme. Elle lui a consacré sa vie. Sans prétendre devenir une collaboratrice scientifique ou même une assistante, elle l'a toujours aidé de son mieux dans ses recherches. Secrétaire, archiviste, régisseur, elle gère le laboratoire avec efficacité depuis leur mariage. Elle avait dix-neuf ans et lui vingt-six lorsqu'ils se sont connus. Et rien ne les a jamais séparés. Pas même une dispute. Alors Lucy est d'abord heureuse de ce phénomène insolite. Elle le considère comme un début de guérison, au moins d'amélioration. Elle le met sur le compte de leur entente profonde et de tous ces mois épuisants passés au chevet d'Henry, à lui parler, parler... pour le réveiller, pour l'aider à retrouver sa lucidité, sa motricité, sa santé. Elle y est parvenue. Sa voix est donc devenue un lien précieux. Henry ne cesse de répéter que cette voix lui donne le courage de persévérer, de continuer à vivre et à travailler. Et Lucy trouve la force de supporter la situation que cette exception engendre. Une situation qui devient de l'esclavage. Henry ne veut plus s'éloigner d'elle. Plus exactement, il ne veut plus qu'elle s'éloigne de lui. Il préfère se servir de sa femme comme moyen de communication avec l'extérieur. Il refuse de porter une prothèse qui n'améliore rien, dit-il, ce que constatent en effet les spécialistes sans pouvoir l'expliquer. Dans la rue, en société, pour son travail, c'est Lucy qui écoute et retransmet. Lucy qui décroche le téléphone. Lucy qui répète inlassablement les conversations. Parfois, elle en est lasse. Et se confie à son frère Edouard. Edouard est médecin. Il suit le couple d'assez près. Avant l'accident d'Henry, il était son ami le plus proche, passionné par les recherches de son beau-frère. Il venait souvent dîner et passait la soirée à discuter avec lui. Depuis l'accident, Henry ne voit plus grand monde. Il prétexte la fatigue et surtout la surdité. Au début de 1955, une étrange idée s'enracine dans ce cerveau d'infirme intelligent. La voix de Lucy est si précieuse dans le silence de coton qui l'entoure. Elle est la seule à percer le mur qui le sépare des autres. C'est un trésor qu'il veut ménager, protéger à tout prix. Et réserver pour son seul profit. Dans la rue, il s'énerve : «Tu as besoin de parler à cette imbécile ? — C'est notre voisine, Henry, voyons, elle prenait de tes nouvelles...» Au cours d'une soirée, il se met en colère : «Ne parle pas tant... Viens là, près de moi. — Henry, je t'en prie, il faut bien que je réponde à nos amis... Ils nous ont invités... — Je me fous de nos amis. Je te dis de ne pas parler autant. — Henry, sois raisonnable, je ne peux pas passer mon temps uniquement à te servir d'interprète. — Si. Ta voix m'appartient, Lucy. Elle est à nous deux, à personne d'autre...» (à suivre...)