Résumé de la 7e partie n Henry Foster, aidé de Lucy, met au point un économiseur de carburant ; il décide de l'expérimenter sur le véhicule d'Edouard, à l'insu de celui-ci… Il y avait longtemps qu'Henry n'avait pas serré sa femme dans ses bras si fort. Avec une passion retrouvée, un enthousiasme qui met les larmes aux yeux de Lucy «C'est formidable, Henry... Je suis si heureuse. Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ? — Maintenant, Lucy, je vais suivre un protocole d'expérience rigoureux. D'abord il faut que je monte l'appareil sur une autre voiture. Sans que le conducteur le sache... C'est important pour que la démonstration soit irréfutable... Il faut que le conducteur se dise : ”Ma consommation d'essence a diminué de moitié... Que se passe-t-il ?” — Comment faire ? — J'ai pensé à ton frère. C'est facile. Il vient te chercher à la maison le matin. En général, il s'attarde devant un café. J'ai besoin d'un quart d'heure pour monter l'appareil, pas plus... Et puis c'est sentimental, Lucy. J'aimerais que ça reste en famille, que les deux êtres qui me sont chers soient les premiers à étrenner cette invention majeure. Peut-être la plus importante de ce quart de siècle. Est-ce que tu te rends compte, Lucy, que c'est génial ? Que ça représente une fortune ? Cet essai, je veux que ce soit Edouard qui le constate. Il verra que j'ai retrouvé toute ma créativité.» Lucy est emportée par l'enthousiasme de son mari. Il rit ! Lui qui ne riait plus saute de joie et dit des bêtises : «Toi, Edouard et moi, réunis dans l'immortalité !» La gloire et la fortune, c'est ce que pense Lucy, pour son mari. Une petite inquiétude tout de même à le voir si tendu, si excité, si excessif... Il ne tournait pas rond depuis l'accident, c'est vrai. Mais de là à imaginer ce qu'a pu concevoir le super-cerveau d'Henry Foster... il y a un monde. Le 14 août 1956, Edouard vient chercher sa sœur en voiture, comme d'habitude. Il est 8h 45. Lucy le retient. Elle n'est pas prête, Edouard n'a qu'à prendre un café dans la cuisine. Il ne se fait pas prier. De la fenêtre de la chambre, Lucy voit son mari bricoler sous la voiture de son frère. Sur le trottoir d'en face, Tuga observe la scène ; il se dit que le savant n'a même pas besoin d'un garagiste pour s'occuper d'une voiture. Il est fort, cet homme-là. Un quart d'heure plus tard, Henry Foster baisse le capot de la voiture. Il fait signe à sa femme. A 8h 50, Tuga voit monter en voiture la femme du savant et son frère. Il voit aussi le savant, caché derrière le pilier du portail, fumant nerveusement une cigarette. Tuga s'appuie sur son balai et allume lui aussi une cigarette. Il entend claquer la portière, le ronronnement du démarreur... L'allumette lui brûle les doigts au moment où se produit une explosion déchirante. Un bruit infernal qui vrille le silence matinal résonne longtemps aux oreilles de Tuga. Il voit des débris de métal, des débris de chairs projetés dans toutes les directions. Tuga se jette à terre tandis que les morceaux du véhicule et de ses occupants passent au-dessus du corps, dans un rayon de cent mètres. Henry Foster rentre chez lui, téléphone à la police et dit : «Ici Henry Foster. Ecoutez-moi bien, car je suis sourd. Ne m'interrompez pas, je ne pourrais pas vous répondre.» Et il explique calmement ce qu'il a fait. Une bombe de son invention. Pour détruire Lucy et son frère. Parce que son frère a kidnappé la voix de Lucy. Et que Lucy était consentante. Et qu'il ne peut le supporter. Ils seront réunis tous les trois dans le silence de l'immortalité. Henry Foster pose le téléphone afin que le correspondant entende ce qu'il va faire. Il sort un revolver et se tire deux balles dans la tête. Au-dehors, la voiture déchiquetée fume encore, et Tuga, abruti par le choc de l'explosion, terrorisé, se relève et court avec son balai... court... Fuir devant l'orage et se cacher de la foudre est pure sagesse, ainsi la tribu a toujours un fils. Proverbe.