Résumé de la 3e partie n Le professeur Henry Foster n'entend plus que la voix de Lucy, sa femme. Cette voix lui est précieuse, il veut la ménager, la garder à lui seul. Lucy commence à en souffrir. Un soir, sortant de son laboratoire, il entend Lucy parler au téléphone avec son frère Edouard. «Raccroche. — Je n'ai pas fini, Edouard me disait que... — Je me fous de ton frère, raccroche.» Lucy n'en peut plus. Appartenir à quelqu'un à ce point, ne plus pouvoir adresser un mot à un autre.... C'est une torture éprouvante. Edouard trouve le comportement de son beau-frère parfaitement sadique. «Ecoute, Lucy, ça devient fou cette histoire. On est obligés de se cacher dans la cuisine pour discuter maintenant ? — C'est comme ça. Je préfère éviter une crise. — Ta voix ne lui appartient pas ! Je l'observais tout à l'heure, il me donnait l'impression d'un avare à qui on vole son trésor sous ses yeux... Je ne parle pas à la légère... — Je sais. Je sais bien, mais que faire ? Il a vu tous les spécialistes, il a subi tous les tests. Moi aussi. C'est inexplicable, mais c'est ainsi. Il n'entend que moi. Et je n'en peux plus... — Il y a sûrement une explication autre qu'une infirmité physique. Une explication qui nous donnerait un espoir de guérison. Je crois, moi, qu'il s'agit d'une maladie purement psychique. Henry refuse tout simplement d'entendre une autre voix que la tienne... — Je le lui ai suggéré, il parle de fréquence... — Sornettes... J'ai discuté de son cas avec un psychiatre. Il pense à une forme délirante de misanthropie... C'est-à-dire qu'il ne veut entendre que toi, pour n'avoir de relations humaines qu'avec toi. Il refuse les autres. Certains s'enferment chez eux pour ne pas rencontrer leurs semblables et être contraints de leur parler ou de les écouter, de les voir vivre... Lui, il a fermé ses oreilles au reste monde. Pas à toi. — Tu parles de lui comme s'il était fou ! — Pas fou... malade seulement. Psychotique... ce genre de maladie est du ressort d'un psychiatre, ou d'un psychanalyste... — Il n'acceptera jamais. — Je vais lui parler. Et tu ne seras pas là. S'il le faut, j'écrirai chaque phrase, mais je veux un entretien seul à seul.» Edouard aime son beau-frère, aime sa sœur, de plus il est leur médecin, il estime avoir le droit d'intervenir. Henry Foster le regarde de travers à la première tentative de conversation. «Où est Lucy ?... N'essaie pas de discuter avec moi, tu sais bien que je ne te comprends pas sans elle.» Edouard crie : «Fais un effort, c'est trop important. Approche-toi, je parlerai lentement, dans ton oreille.» Mais Henry recule, le regard méchant. «Je ne supporte pas qu'on me traite comme un infirme. Fais venir Lucy. Je n'entends rien, et je n'entendrai rien tant qu'elle ne sera pas là pour traduire. Ou alors fiche le camp et laisse-moi tranquille. Qu'est-ce que ça peut te faire à toi que je vive dans le silence, le brouillard, le coton... Tu entends, toi ! Tu n'as besoin de personne. Moi, si.» (à suivre...)