Résumé de la 1re partie n Tuga, un balayeur de rue aborigène, assiste à une explosion. Le professeur Henry Foster est gravement blessé dans l'explosion de son laboratoire. «Que s'est-il passé ? — Il travaillait sur une fusion, j'ignore laquelle. Le laboratoire a explosé alors que j'étais dans le jardin. Mon Dieu, ça devait arriver un jour ou l'autre...» C'est ce que rapporte la presse dès le lendemain. Un jour ou l'autre, Henry Foster irait trop loin. Installer un laboratoire privé dans sa maison, en plein centre de Sydney, c'était le privilège de l'homme riche, du chercheur reconnu, mais c'était dangereux. A force de travailler seul, Henry Foster négligeait certaines règles de sécurité. A l'hôpital, le médecin-chef, qui donne chaque jour à la presse un bulletin de santé, est pessimiste. On craint sérieusement pour sa vie. Des mois durant, Lucy demeure à son chevet. Infatigable. Il vivra. En partie grâce à elle, à son obstination, à son amour. Il sort du coma, il retrouve la parole, peu à peu. Accroché au regard de sa femme, il retrouve son intelligence, ses fonctions cérébrales et physiques. Mais quelques mois après l'accident, alors qu'il semble avoir récupéré complètement, il se met à souffrir de névralgies faciales, de maux de tête insupportables, qui l'obligent, souvent, pendant plusieurs jours, à rester cloîtré dans une chambre obscure à demi-fou de douleur. Lucy a peur. Henry n'est redevenu normal qu'en apparence. Il a subi une commotion profonde, dont elle ignore les conséquences que les médecins ne peuvent eux-mêmes déterminer. Une fêlure s'est produite dans son cerveau. Laquelle ? Henry Foster reprend ses travaux. Mais il perd l'ouïe. Lentement d'abord. Il se contente de faire répéter certaines phrases. Puis le processus s'accélère et il doit se rendre à l'évidence : il est devenu pratiquement sourd. Au point que même en utilisant les appareils les plus perfectionnés il éprouve la même difficulté à percevoir la voix humaine. Les spécialistes ne comprennent pas. Nous sommes en 1950 et, en trente ans, d'énormes progrès ont été faits dans ce domaine. Mais il semble bien, de toute façon, que l'infirmité d'Henry Foster ne relève pas d'un problème mécanique auditif. Lucy s'en est aperçue la première. Un matin Henry sort de son laboratoire pour demander : «Lucy, tu as commandé les barres de vanadium ? Le vanadium est un métal réputé pour sa dureté. — Oui, on les recevra à la fin du mois. — Parfait…» Henry Foster retourne dans son laboratoire, reconstruit, où il passe les trois quarts de ses journées. Puis il s'arrête sur le pas de la porte. «Lucy… Toi, je t'entends. Mal, mais je t'entends. Je n'ai pas besoin d'appareil, je n'ai même pas besoin de suivre le mouvement de tes lèvres… — Je sais, j'ai remarqué… — C'est extraordinaire… — Je crois que si tu faisais attention, tu entendrais aussi les autres. Non ?» Henry Foster s'énerve. «Tu ne comprends pas. Je te dis que j'ai observé le phénomène depuis des jours. Je suis tout de même capable de faire une analyse de la situation. Je n'entends et je ne perçois que ta voix… la tienne, pas une autre. — J'ai du mal à le croire… Comment expliquer ça ?» Henry Poster s'énerve. (à suivre...)