Résumé de la 5e partie n Edouard persuade son beau-frère d'arrêter de travailler, mais Lucy, qui assistait son mari, souffre de cette inaction. La conversation entre Lucy et Edouard continue : « Cette fois c'est assez, Lucy. Je suis ton frère. Henry et moi sommes amis depuis des années. Je comprendrais à la rigueur qu'il ne veuille pas te laisser travailler avec des étrangers, mais avec moi ? Il doit accepter sans faire d'histoires... du moins pas trop. Mais tiens bon... Insiste, c'est ta vie qui en dépend...» Le soir même, Lucy entreprend de convaincre Henry. Il refuse d'abord d'en discuter davantage. Mais cette fois, c'est sa femme qui perd patience. Pour la première fois depuis des années, elle s'oppose à lui : «J'ai quarante-cinq ans, je ne suis ni vieille ni jeune et je veux rester près de toi. Mais je veux aussi essayer d'être heureuse. Tu dis que tu m'aimes, alors tu dois souhaiter mon bonheur. J'ai besoin d'une activité personnelle. Je ne peux pas me contenter d'être ta voix et tes oreilles, tu comprends ?» Henry n'insiste pas. Il semble comprendre en effet sur le moment, et Lucy prend son poste dans le cabinet de son frère. La joie de vivre renaît. Henry est caIme, Lucy heureuse. Ce dérivatif lui suffit et elle passe le reste de son temps auprès de lui. Juillet 1956. Henry Foster a une bonne nouvelle pour sa femme : «Je me sens mieux, définitivement mieux. Je vais en profiter pour retravailler un peu. J'ai réfléchi pendant tous ces derniers mois à un appareil. Si mes caIcuIs sont exacts, adapté à un moteur de voiture, il devrait réduire la consommation d'essence de moitié. Il faut que je profite de cette période de répit pour fabriquer le prototype. — Tu vas te fatiguer à nouveau... — J'en ai pour quatre semaines, pas plus. Mais j'ai besoin de toi. — Henry, écoute... Ça ne peut pas attendre un peu ?...» Lucy hésite, alors Henry la prend dans ses bras. Il est si joyeux, si sûr de lui. S'il croit à ce point à son idée, qui pourrait en douter ? Tout ou presque lui a réussi dans sa carrière. Une invention de ce genre représente un marché considérable. «J'y tiens beaucoup. Nous avons toujours coIlaboré. Je te dois une bonne partie de mes réussites. Si je devais aboutir à celle-là sans toi, je ne serais heureux qu'à moitié.» Il a touché la corde sensible. Il parle comme avant. Et il parle aussi de réussite financière, ce qui est nouveau depuis l'accident. «Si ça marche, Lucy, et je suis sûr que ça marchera, nous n'aurons plus aucun souci pour l'avenir.» Leurs finances ne sont plus ce qu'elles étaient, évidemment. La situation commence même à devenir inquiétante. Lucy, en fait, n'a aucune raison de bouder la visible amélioration physique de son mari et un retour au confort de naguère. Elle a bien envie aussi de retrouver l'intimité ancienne, celle du temps où ils s'enfermaient tous les deux dans le laboratoire, leur monde à part. Edouard n'est pas aussi enthousiaste, mais il demande à voir et propose même de se passer de sa sœur plus longtemps, afin qu'Henry ne se surmène pas. Mais l'inventeur refuse. «Je te la prends un mois, pas plus. Après je vous laisse tranquilles. Et quand je dis un mois, c'est un mois, j'ai toujours respecté mes délais, Lucy le sait bien. Un mois pour assurer l'avenir, vous vous rendez compte ? Plus de soucis ni pour toi ni pour ton frère.» Lucy s'étonne : «Edouard ? Il n'acceptera jamais rien. Il se suffit à lui-même... —Il sera bien obligé d'accepter. Je le convaincrai...» (à suivre...)