Résumé de la 6e partie n Lucy travaille avec son frère. La sérénité revient dans le couple, mais elle est de courte durée car Henry Foster a un projet pour lequel il a besoin de sa femme. Personne ne remarque dans l'œil d'Henry Foster la petite lueur inquiétante qui s'est installée. Ce pourrait être une lueur de renouveau, le plaisir de se remettre au travail, l'excitation d'avoir construit, dans sa tête, une nouvelle invention. Il s'agit bien d'une invention. Mais le cerveau humain est capable du meilleur comme du pire. Cette fois, Henry Foster a inventé le pire. Et il va le mettre au point avec le sourire, dans la joie et la bonne humeur retrouvées. Comme si les migraines avaient disparu. Il est toujours lié à la voix de sa femme. C'est elle qui passe les commandes dont il a besoin à un laboratoire de Sydney. C'est elle qui convoque les artisans. Pour la réalisation de son prototype, Henry a besoin de leur faire fabriquer les pièces essentielles. Dans le laboratoire, il a épinglé un plan auquel Lucy ne comprend rien. Lorsque son frère lui en parle, elle ne peut que répondre l'essentiel : «Un truc pour économiser l'essence de voiture. Il a l'air d'avoir trouvé. Je le connais, tu sais. Quand il est sûr de lui comme ça, c'est que ça va marcher.» Lucy reprend son travail aux côtés de son mari le 11 juillet 1956. Le 11 août, le prototype est terminé. C'est une sorte de cylindre de vingt-cinq centimètres de long et de six de diamètre. Henry a expliqué à sa femme le fonctionnement du matériel, plutôt deux fois qu'une, mais c'est trop compliqué. Elle se contente de penser que cette petite chose est révolutionnaire et que, adaptée à un moteur à essence, elle lui fera économiser 50% du carburant. Si l'on songe au marché du pétrole, cet engin est fabuleux. Le 11 août donc, Henry décide de l'essayer. Il veut installer le prototype en grand secret sur leur propre voiture. «Tu comprends, Lucy, je dois être prudent. Ne pas trop en parler avant d'être sûr de la mise au point. Et puis je ne veux pas qu'on puisse m'accuser de trucage. Après l'avoir essayé sur la nôtre, si tout va bien je tenterai l'expérience avec une autre voiture...» Pour installer son invention, Henry a besoin de trois jours de bricolage sur leur voiture. Lucy peut donc retourner travailler chez son frère, sa présence n'est plus nécessaire. Henry va faire ostensiblement le plein d'essence au garage d'en face. C'est ainsi que Tuga, le représentant du plus ancien des hommes, accroché à son balai, voit passer devant lui le représentant du plus intelligent des hommes. Monsieur le savant est un homme que l'on respecte. Tuga balaie autour de lui avec respect. Il nettoie le pare-brise avec respect. Il reçoit un pourboire distrait avec le même respect. Henry Foster rentre chez lui, le soir du 13 août, pour annoncer triomphalement à sa femme : «Ça marche, Lucy. Ce matin j'ai mis vingt-cinq litres d'essence dans le réservoir de la voiture. J'a roulé cent kilomètres et la jauge m'a indiqué qu'il restait dix-sept litres. Je n'ai consommé que huit litres aux cent kilomètres, Lucy, sur une voiture qui en dévore facilement 15... J'ai réussi, tu te rends compte ?» (à suivre...)