Nouveauté n Les dattes les meilleures et les plus chères portent, cette année, sur les marchés du Caire, le nom de Nasrallah, le chef du Hezbollah chiite libanais, en ce mois de ramadan. «Il n'y a pas à discuter, c'est Nasrallah le victorieux qui vient en premier», affirme Abdou Kachouch, devant son étal ou s'alignent des sacs de 60 kg de dattes dans le souk populaire de Rod el-Farag, sur la rive est du Nil. Le prix d'un kilo de Nasrallah avoisine 24 livres (3 euros), devant la Ahmadinejad, du nom du président iranien, à 18 livres (2,4 euros), et celle affublée du nom de Chavez, le leader vénézuélien, à 14 livres (2 euros). Chaque année, les commerçants égyptiens dressent un palmarès des meilleures aux moins bonnes dattes, leur distribuant des noms censés refléter le hit-parade des personnalités des plus populaires aux plus détestées. Devenu un héros de la rue depuis la conflit du Liban, Hassan Nasrallah, l'a emporté donc sans conteste pour celui du ramadan 1427, d'après le calendrier de l'hégire, succédant à Ben Laden, Arafat ou Chirac. Sans surprise, la plus mauvaise datte, d'ailleurs invisible sur le marché, porte le nom du Premier ministre israélien Ehud Olmert, à la suite logique de la datte Ariel Sharon. Elle ne vaut que 1,5 livre le kg (0,13 euro) Pour Kachouch, qui a installé un portrait de Nasrallah devant son échoppe, ce n'est que depuis les attentats du 11 septembre 2001 que des noms de politiques, et le premier fut Ben Laden, furent choisis pour dénommer les dattes. «Auparavant, nous choisissions parmi les vedettes de cinéma, comme Leïla Alaoui, qui valut à la meilleure date d'être alors baptisée : aux yeux de Leïla», dit-il. Les dattes, qui viennent juste d'arriver à maturité en Egypte sont un aliment indispensable, presque rituel, pour les fidèles pendant le ramadan. Selon la tradition musulmane, le Prophète Mohommed rompait en effet le jeûne, au coucher du soleil, en mangeant des dattes et en buvant du lait de chèvre. Mais pendant toute l'année, les Egyptiens mangent sans interruption des dattes, que l'on retrouve dans un grand nombre de pâtisserie. Leur consommation est évaluée à 15 kg de dattes par an et par personne. Si l'Irak fut jadis considéré comme le paradis de la datte, c'est l'Egypte, avec 11 millions de palmiers, qui est devenue depuis le principal producteur du monde, avec 1,1 million de tonnes par an, devant l'Arabie saoudite et l'Iran. Le Ramadan commence cette année le 23 ou le 24 septembre, et les magasins du Caire regorgent de dattes, de fruits secs, ou de pâtisseries en prévision des repas nocturnes. Pour Karam Ghazi, un grossiste de dattes, «l'approvisionnement et la qualité sont meilleurs cette année que l'an dernier, et les prix sont globalement à la baisse». Il concède cependant que la Nasrallah n'est pas bon marché. «Mais même, si elle ne représente que 1 % de mes ventes, je vais faire de bons bénéfices», explique-t-il, en exhibant un portrait du leader chiite.