C'est une grande tradition française. Chaque homme d'Etat se réinvente une origine rurale, ou du moins s'implante dans un terroir en friche. Loin de Paris. Sous son béret, Mitterrand promenait les journalistes et son chien dans le Morvan, Giscard se ressourçait à Chamalières, tandis que Chirac faisait, dès 1967, de la Corrèze sa base arrière. Façon de prendre racine auprès des «vraies gens» et de ressembler à une France un peu idéalisée. Aujourd'hui, c'est du Poitou que Ségolène Royal se lance dans la campagne présidentielle. Nicolas Sarkozy, lui, n'a pas cette chance. Il est de Neuilly. Sa famille s'y installe en 1973. Plus de 30 ans après, la ville, qui relie le chic XVIe arrondissement de la capitale à La Défense, reste le symbole de la grande bourgeoisie parisienne. Ici, le mot «banlieue» n'a pas le même sens qu'ailleurs. Sarkozy, fils d'un réfugié hongrois débarqué en France en 1948, saura tisser des liens avec le Neuilly du «show-biz», mais aussi de la grande industrie. Pour de nombreux électeurs, le ministre Nicolas Sarkozy reste un citadin assez peu soucieux des valeurs du terroir. Construire sa carrière dans la banlieue chic de Neuilly : une chance ou un handicap pour le candidat de la droite à la présidentielle de 2007 ?