Tradition n Les soirées de ramadan débutent une heure après le f'tour. À Alger, il y a deux façons de passer ces soirées. La première est le passage obligatoire par la mosquée. Ceux qui optent pour cette formule se rendent en général ensuite chez des amis ou des parents pour passer une veillée tranquille, entre proches, jusqu'à une heure raisonnable de la nuit. La deuxième façon est surtout choisie par les jeunes qui se rassemblent, après la première cigarette, chez un membre de la bande de copains qui vont ensuite à la recherche de l'endroit le plus mouvementé et le plus fréquenté par la jeunesse. «Cette année, les salons de thé les plus en vogue sont ceux qui se trouvent à Sidi Yahia», nous dit un jeune homme qui a l'air bien au fait de tout ce qui se passe dans le secteur. Une virée s'impose pour vérification. Sur place, le nombre de voitures de luxe est impressionnant. Il n'est que 21h et il est pratiquement impossible de trouver une place pour garer notre tacot. Il faut savoir que ces salons de thé ou cafétérias, qui se trouvent sur les deux côtés de la rue, ont pour la plupart des terrasses à l'extérieur ; avec le beau temps qu'il fait en ces premiers jours de ramadan, il est vrai qu'il est très agréable de s'y attabler. Les clients sont très nombreux et ont l'air d'être de situations sociales plutôt aisées. Des jeunes hommes et des jeunes femmes se sont donné rendez-vous ici et ont l'air de se sentir à leur aise, semblant se connaître depuis belle lurette. Ces salons ont certainement leurs habitués. Autre lieu, autre ambiance au club d'El-Biar, une cafétéria connue sous le nom de Le Cercle, très agréable le soir avec sa grande terrasse divisée en deux parties. La première avec sa fontaine au milieu d'une verdure dense qui descend du toit en forme de chapiteau de cirque, rappelant les terrasses d'antan où régnaient le jasmin et eddelya. La musique chaâbie est mise en valeur avec des qaçidate des regrettés Guerrouabi ou Amar Ezzahi ; des CD sont vendus sur place par un amateur de musique algéroise. Il est 21h 45. L'ambiance est saine et les consommations très abordables. À 20 DA le thé dans un cadre aussi agréable, on peut se permettre de venir chaque jour. La présence d'une clientèle d'un certain âge, de quelques couples et même de familles inspire le calme et la quiétude. Le temps passe vite, ici. Il est 23h et il est temps d'aller dans un dernier endroit où on peut faire une partie de belote «couinchée», appelée communément chez nous la gouinche, tout en sirotant un thé à la menthe. Et ceci n'est possible que dans une de ces fameuses mahchachate très nombreuses durant ce mois sacré. Les boissons y sont sans saveurs, le brouhaha est incroyable mais qu'importe. Le plus important est la partie de cartes qui nous mènera aux alentours de 2h 30. Finalement, l'endroit où nous avons passé le plus de temps et où l'on s'est amusé le plus reste la mahchacha, comme quoi le plaisir n'est pas proportionnel au prix qu'on y met.