Vieillie mais résolue, Asma dit à son fils Abdallah : «Je ne m'affligerais que si tu étais tué pour une cause vaine et injuste. — Sois assurée que ton fils n'a pas soutenu une cause injuste, qu'il n'a commis aucune mauvaise action, qu'il ne s'est rendu coupable d'aucune injustice envers un musulman ou un dhimmi (non musulman vivant dans la société musulmane), et qu'il n'y a rien de plus plaisant à ses yeux que la Satisfaction d'Allah, Le Tout-Puissant, Le Plus Grand. Je ne dis pas cela pour alléger ma conscience. Dieu sait que je l'ai dit uniquement pour raffermir et rassurer ton cœur. — Louange à Allah qui t'a fait agir conformément à ce qu'Il aime et ce que j'aime. Viens plus près de moi mon fils, que je puisse sentir et humer ton corps car cette rencontre est peut-être la dernière.» Désignant son armure, elle dit : «Ceci, mon fils, n'est pas l'accoutrement de celui qui désire le martyr. Ôte-le. Cela rendra tes mouvements légers et rapides. Revêts plutôt ton sirwal (un long sous-vêtement) de sorte que si tu étais tué ta `awrah (partie intime) ne serait pas exposée.» Abdallah retira son armure et mit son sirwal. Alors qu'il s'en allait vers le Haram pour rejoindre le combat, il dit : «Mère, ne me prive pas de tes dou'â (prières).» Levant ses mains au ciel Asma pria : «ô Seigneur, aie pitié pour ses longues heures de veille et ses sanglots dans les ténèbres de la nuit pendant que les gens dormaient. ô Seigneur, aie pitié pour sa faim et sa soif durant son voyage de Médine à La Mecque alors qu'il jeûnait. ô Seigneur, bénis sa bienfaisance envers sa mère et son père. ô Seigneur, je lui rends grâce pour Ta cause et je me réjouis de tout ce que tu auras décidé pour lui. Et accorde-moi en hommage pour lui, la récompense de ceux qui sont patients et persévérants.» A la tombée de la nuit, Abdallah était mort. A peine une dizaine de jours plus tard, sa mère mourut à son tour. Elle était alors âgée de cent ans. L'âge ne l'avait pas rendue infirme et n'avait pas altéré la vivacité de son esprit.