«Si on ne me rend pas justice, je me suiciderai. C'est la seule solution pour moi de me soulager de ce sentiment d'injustice et de hogra». M.Belouazni El Hadj a les yeux embués de larmes. Il retient difficilement ses sanglots. «Je suis au bord du suicide, dit-il, le visage miné par une profonde tristesse, j'ai été humilié, malmené, injustement incarcéré, jeté en pâture à l'incompréhension et la vindicte pour être en dépit d'un non-lieu marginalisé sans la moindre explication». Cet ancien cadre supérieur souffre le calvaire. Frappé d'ostracisme, il a connu la descente aux enfers alors qu'il jouissait d'un statut des plus honorables. Il a occupé de hauts postes de responsabilité dans différentes entreprises publiques. Le dernier en date est le poste de directeur général de l'Edied, une entreprise spécialisée dans la distribution de matériels électroménagers à Tissemsilt. Sous la demande du ministre de l'Habitat, nous dit-il, qui était à cette époque le wali de la région, il quitte les Aswaks de Blida qu'il dirigeait pour rejoindre son nouveau poste en 1986. «Je travaillais d'arrache-pied pour redresser la situation de l'entreprise qui était dans une mauvaise passe. Cela m'a valu les félicitations de la commission de contrôle. Seulement certaines parties occultes n'ont pas apprécié mes résultats et ma réussite. Ils ont tout fait pour me mettre sur la touche. On m'a fabriqué une affaire montée de toutes pièces. J'ai été évincé de mon poste et remplacé par M. Hafir Hacène qui a été par la suite accusé de détournement et d'abus de biens publics. Le wali a alors déposé plainte contre moi pour le même motif. J'ai été incarcéré pendant deux mois puis relâché provisoirement. L'enquête a suivi son cours durant sept longues années. Le 9 février 1994, l'enquête m'a blanchi et a conclu à mon innocence. J'ai souffert le martyre depuis. J'ai été pratiquement délesté de tous mes biens. J'ai tout perdu. Pour me nourrir et nourrir ma famille, j'ai dû recourir à la vente de tout ce que je possédais jusqu'aux meubles. Actuellement j'en suis réduit à faire la manche.» M.Belouazni El Hadj ne peut s'empêcher d'avoir les larmes aux yeux, blessé dans son amour propre et dans sa dignité. «En dépit de la décision de justice qui m'est favorable, devant la société, je suis coupable. Imaginez le préjudice moral que cela me cause. Je me sens humilié. Mes enfants sont déprimés alors qu'ils étaient fiers de moi. Ils ne me disent rien mais je ressens leur peine. Je suis victime d'une grave injustice» M.Belouazni El Hadj ne sait plus à quel saint se vouer. Les différentes requêtes qu'il a adressées aux autorités concernées n'ont eu aucun écho. Il a envoyé des missives à toutes les institutions du pays, y compris à la présidence, en vain. Ce père de famille, natif de Chlef, s'est retrouvé du jour au lendemain après une décision de justice expéditive dans une geôle. Chose qui a complètement bouleversé sa vie. Sa réputation de père modèle a été ternie, lui qui compte parmi ses enfants un officier de police et deux filles engagées dans l'armée, ayant épousé ces carrières par respect du droit, d'autant plus que leur père leur avait inculqué l'honnêteté et l'intégrité. La galère de ce cadre est loin d'être finie, puisque jusqu'à présent et face au mépris des pouvoirs publics, il n'est pas encore réhabilité dans ses droits. Il a perdu son droit à pension de retraite et depuis son accusation, il n'a plus bénéficié d'un poste en adéquation avec ses références. Aujourd'hui, après avoir frappé à toutes les portes, il porte son affaire à l'opinion publique et interpelle le ministre de l'Habitat et le président de la République pour que réparation soit faite et qu'il soit réintégré dans son ancien poste ou un poste équivalent. «Si on ne me rend pas justice, je me suiciderai. On ne me laisse pas le choix. C'est la seule solution pour moi de me soulager de ce sentiment d'injustice et de hogra.»