Tendances n Si les jeunes générations sont ouvertes à la tendance moderne, les familles traditionnelles insistent beaucoup sur les vieilles recettes. A Tipasa comme partout, la consistance du repas du mois de jeûne tourne invariablement et systématiquement autour de la chorba ou h'rira accompagnée de bourek en guise d'entrée. L'indétrônable datte pour casser le jeûne est également citée çà et là par des personnes interrogées, qui mettent en avant la considération religieuse liée au fait que le prophète Mohammed (Qsssl) rompait toujours le jeûne par cette sucrerie. Certaines Tipasiennes se souviennent que durant ce mois sacré, les gens d'antan mangeaient une chorba aux sardines en entrée, une chtitha sardines en guise de plat de résistance ou encore des grillades et autres fritures de poissons, histoire de coller à la production et aux coutumes locales. «Les temps ont bien changé», dit Khalti Aïcha, du petit village de Nador, à 5 km à l'ouest de Tipasa, nostalgique de cette époque où Tipasa était encore ce lieu paradisiaque avec ses particularités et son patrimoine culturel. Pour Nacéra, fonctionnaire à la wilaya, «les changements dans les habitudes alimentaires sont dus aussi à l'amélioration des conditions de vie des populations qui peuvent se permettre d'acheter, pendant le ramadan, entre autres de la viande hachée pour la confection des bourek ou encore des amandes et autres oléagineux pour la confection de gâteaux orientaux. Alors que dans le temps, le produit le plus courant pour faire des gâteaux était la semoule et les dattes écrasées connue sous le nom de ghars». A Cherchell, on reste encore très attaché à la chorba m'qetfa parfumée à la menthe au lieu de coriandre, une espèce de vermicelle «fait main» que les femmes préparent à l'avance et font sécher pour le ramadan. La m'qirna, les macaronis, également «faits main», que l'on agrémentait de viande hachée et d'œufs qui servaient de repas du s'hour, ne sont hélas qu'un vieux souvenir, même dans les familles traditionnelles. Elles ont cédé à la facilité en achetant tous ces ingrédients chez le marchand du coin, modernité oblige. Les plats de résistance (dolma, chtitha et autres tadjine h'lou) font, eux aussi, pratiquement partout partie du menu du jeûneur, avec quelques petites variantes correspondant plus à la touche de la cuisinière qu'à la coutume locale. L'autre nouveauté introduite par les jeunes générations, durant le ramadan, est le recours au livre de cuisine et ce, avec une tendance à l'ouverture sur les cuisines du monde, voire les habitudes alimentaires universelles.