Lorsque le pharaon découvre le subterfuge, il lui fait des reproches et lui ordonne de quitter le pays. C'est alors qu'il se rend en Palestine et se fixe dans le pays de Cana'ân, après s'être séparé de son neveu Loth, lequel s'établit dans la riche plaine du Jourdain, non loin de Sodome. Au pays Cana'ân, l'agitation et les conflits tribaux sont à l'état endémique. C'est au cours de son séjour dans la région de Chène et de Siddim, qu'il s'allie avec Mamoé et ses frères Eskhol et Anar pour soutenir des guerres contre divers potentats locaux, notamment Kedur Laomer qu'il défait à Shoba, au nord de Damas. C'est également au cours de la même période que se place sa rencontre avec Melchisedec, roi de Shalem et que date la création des «Sept puits» dont l'un subsiste encore près de la bourgade du même nom, Bersabée (Bîrsab'a) ou Beershabe dans le désert de la Palestine actuelle, ainsi que son séjour à Girar, dans le Negeb, ses rapports avec le roi Abimelek, la naissance de son fils Ismaël dont la mère était l'égyptienne Hagar et quatorze ans plus tard, celle d'Isaâc dont la mère était Saray, primitivement appelée Sara. Nous reviendrons plus loin sur les démêlés de Hagar avec Saray et sur son expulsion du domicile conjugal avec son fils Ismaël. Notons que Saray dont Abraham aurait, selon les sources juives, commercialisé, en territoire philistin comme en Egypte, la grande beauté, en troquant complaisamment ses charmes contre les faveurs des souverains dont il escomptait la bienveillance (pharaon Abimelek) donna naissance à Isaâc à l'âge de quatre-vingt-dix ans ! Une fécondité aussi tardive bouleverse évidemment les lois de la nature. Mais les légendes immorales, les invraisemblances et les niaiseries de la Bible doivent être sinon acceptées, du moins jugées de bon cœur et avec une indulgence souriante. Quoi qu'il en soit, après la mort de Saray, Abraham épouse Qetura dont il eut plusieurs enfants : Zimrân, Yaqshân, Medân, Madyân, Ishbâq et Shuân qu'il aurait tous déshérités au profit d'Isaâc! Enfin, à la même époque se situe la destruction de Sodome et Gomorrhe et l'égarement de Loth avec ses filles. Sur tous ces faits, les sources musulmanes ne s'écartent guère des sources juives. Il est cependant quelques points sur lesquels leur différence est radicale, à commencer par la question de la circoncision que le Judaïsme tient pour un signe d'alliance avec Dieu. L'islam rejette comme grossièrement naïve et prétentieuse toute idée d'alliance avec Dieu fondée sur l'écoulement du sang des parties génitales et ne voit dans ce rite qu'une opération hygiénique doublée d'un symbole distinctif, comme on le verra plus loin au chapitre de la purification. Autre divergence avec le judaïsme à propos d'Abraham : l'épreuve de l'immolation. (à suivre...)