Un autre grand onirocrite musulman est Abou Ih'sân al-Kirmani. On a peu de détails de sa vie mais on sait qu'il est l'auteur du plus ancien traité d'onirocritique musulman, le Dustûr fî ta'bîr. Cet ouvrage, aujourd'hui disparu, n'est connu que de titre. C'est le cas, aussi d'un autre ouvrage, d'un autre interprète, Ibn Qutayba, le Ta'bîr al-Ru'ya. Des interprétations de ces deux ouvrages figurent, cependant, dans des traités ultérieurs, notamment la compilation d'Abou Ali ad-Darî, que l'on attribue habituellement à Ibn Sirîn. La littérature onirocritique arabe va se développer à l'époque abbasside. La traduction du grec vers l'arabe de l'Oneirocriticon d'Artémidore d'Ephèse va influencer les auteurs de cette période et influencer la méthode d'interprétation. Le nombre des onirocrites, jusque-là réduit, va s'élever sensiblement ; si l'on croit le bibliographe Hassan Ibn al-Husayn, il serait de sept mille. Il est vrai qu'il y incorpore les philosophes grecs mais le nombre de musulmans qu'il cite est également élevé. En fait, beaucoup d'auteurs de la liste d'Al-Hassan ne sont pas des onirocrites au sens propre du mot, mais des littérateurs, des philosophes, des poètes qui se sont intéressés au rêve, lui consacrant des passages dans leurs œuvres et, parfois, des traités. C'est le cas du célèbre philosophe El-Kindî, auteur d'un Illât al-Nawm wa al-Ru'ya (Arguments sur le sommeil et les rêves). On a d'abord cru qu'il s'agissait d'une adaptation d'un ouvrage d'Aristote, mais il a été établi qu'il s'agit d'un ouvrage original qui, traduit en latin, va influencer la théorie occidentale des rêves. Passons maintenant à Ibn Sirîn.