Un paradoxe : les Algériens vivent plus longtemps, bien que la pauvreté ne cesse de resserrer son étau sur eux. A croire que même la misère n'arrive pas à avoir raison d'eux. Les chiffres de la pauvreté restent toujours inquiétants en Algérie. Une étude présentée, hier, lors de l'ouverture de la journée internationale pour l'élimination de la pauvreté, a mis à nu cette réalité : «Les communes affichant les niveaux de précarité les plus élevées ont été identifiées. Elles sont au nombre de 176, dont 46 réunissent les indicateurs les plus défavorables dans tous les domaines.» Se basant sur des travaux d'enquêtes réalisées auprès de ménages, l'étude fait ressortir qu'au niveau de ces communes défavorisées, les emplois occupés sont, pour plus de la moitié, de type saisonnier, que l'accès aux réseaux d'adduction en eau potable et d'assainissement est très réduit. Le gaz n'a en outre pratiquement pas été introduit alors que l'analphabétisme des adultes, en particulier des femmes, est élevé, atteignant 52%. La moitié des ménages a par ailleurs recours à l'endettement et l'habitat précaire est important. L'étude a révélé aussi que 40 % des ménages ont un revenu inférieur à 5 000 DA et que la majorité de ces communes est rurale, enclavée et éloignée de tout développement. Elles sont surtout situées dans les Hauts-Plateaux.En termes de chiffres, 62% de ménages résident en zones rurales, près de 42% de la population a moins de 16 ans et la taille moyenne du ménage est de 6,9 personnes. Pour en revenir à la journée d'hier, elle a été organisée en présence de Djamel Ould Abbas, ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, des membres de l'Observatoire national de l'emploi et de la lutte contre la pauvreté, des experts et des membres du comité de suivi de la réalisation de l'étude ainsi que des représentants et des experts de l'ONS, de l'OMS, du BIT et du Pnud. Le ministre de la Solidarité nationale a expliqué que ces résultats ne prouvent pas que les autres communes soient aisées : «1 280 communes sur les 1 541 existantes sont déficitaires», a-t-il précisé. Il a également plaidé pour l'instauration de la confiance entre gouvernants et gouvernés afin de pousser les citoyens à participer au développement du pays dans les différents secteurs avec l'implication, entre autres, des collectivités locales et de la société civile pour «aboutir à des dynamiques communes». Certains experts étrangers ont expliqué que les résultats de cette études doivent être «relativisés». «Il ne faut pas oublier que les communes ciblées par l'étude ont déjà fait l'objet d'une désignation préalable. Ce qui explique que la situation dans d'autres communes, même dans la banlieue de la capitale, est peut-être plus précaire...», a souligné un expert libanais du Pnud.