Scène n samedi matin. Le tribunal de Sidi M'hamed, rue Abane-Ramdane, ouvre ses portes. Les robes noires circulent dans l'enceinte du palais tandis que l'afflux des citoyens devient de plus en plus important, donnant l'impression d'une foire d'empoigne au milieu d'un brouhaha insupportable. Quelques personnes attendent patiemment de déposer leurs demandes de casier judiciaire. Quatre jeunes employées tentent de prendre en charge le plus grand nombre de dossiers. Tout se déroule normalement. 9h 36, à l'intérieur d'une salle d'audience. L'horaire est respecté pour entamer la journée. Une magistrate énumère d'une voix inaudible la liste des personnes devant se présenter à la barre. Ce qui est agaçant, c'est le grincement de la porte qui laisse entrevoir une certaine contrariété de la foule qui se tient debout ; un agent rappelle à l'ordre tous ceux qui ont des portables allumés. A l'extérieur, la grande salle ne désemplit pas. A 12h00 h, la salle principale est archicomble. Il faut se frayer un chemin pour passer. Les audiences se suivent à un rythme régulier, mais la foule se fait nombreuse en face du guichet où l'on délivre les certificats de nationalité. «On ne va pas attendre jusqu'à demain pour un simple papier», rouspète un quinquagénaire visiblement irrité. Le guichetier ne répond pas. Mieux, il ignore tout propos hostile ou contrariant. Son collègue fait le va-et-vient, tente de rassurer les postulants et signe le document qui met une journée, parfois deux, pour être délivré au demandeur concerné. «On essaie d'accélérer malgré la forte demande qui atterrit sur nos bureaux. Pendant le ramadan, on doit faire encore plus vite car la journée est courte», nous répond aimablement le guichetier. Le service doit continuer jusqu'à 14 heures. Idem pour le retrait de certificat du casier judiciaire où il ne faut surtout pas dépasser 14h 30. A partir de 15 h, le tribunal se vide et il ne reste qu'une poignée d'avocats plaidant pour leurs clients. On les voit traîner avec des dossiers et de gros cartables chargés. Les autres employés de l'administration sont sur place, procédant à des retouches. On croise très peu de personnes dans l'escalier qui se déploie sur cinq ou six étages. L'ascenseur ne fonctionne plus depuis belle lurette. Cela n'arrange pas les vieilles personnes qui, en plus du jeûne, sont fatiguées et fragiles. A 16h 05, le tribunal ferme ses portes. Il est interdit d'y entrer sauf pour le personnel judiciaire. En fait, les Algérois préfèrent venir le matin pour arranger leurs «petites affaires de paperasse».