Parcours n Depuis 1995, les éditions Chihab ont investi le secteur de la traduction en Algérie. Traduire des livres de collection à caractère éducatif du français vers l'arabe est une activité que les éditions Chiheb réalisent depuis plus de dix ans. Toutefois, «notre activité serait plus précise et porteuse si l'on avait à notre portée les données nécessaires sur le lecteur algérien». Ces propos, tenus par la représentante des éditions Chiheb, Mlle Himrène, reflètent la situation dans laquelle évolue tout organisme algérien activant dans le secteur de la traduction. «Avec des statistiques claires, les maisons d'édition pourraient mieux cerner le lecteur algérien afin de lui proposer les titres qu'il veut lire», ajoute-t-elle. Si pour les livres destinés à tous, les éditeurs arrivent à s'en sortir, il n'en est pas de même pour les manuels universitaires. «C'est un lectorat très restreint, il faut le reconnaître,», indique Mlle Himrène. Les maisons d'édition étant des sociétés à caractère lucratif, elles sont obligées de n'éditer que «ce qui marche». Le livre universitaire se voit donc banni de la liste des «ouvrages rentables». Comme parade, notre interlocutrice préconise que la traduction des livres universitaires soit soutenue par l'Etat. «Cela éviterait aux éditeurs de travailler à perte et par conséquent d'offrir aux universitaires autant de livres qu'il leur faut pour prétendre à une meilleure formation», dit-elle. Néanmoins, cela ne constitue pas une solution, selon elle. «Il faut encourager les gens à apprendre les langues étrangères vu que les livres, pour garder leur vrai sens, doivent être lus dans leur langue d'origine. Que ce soient les livres qui traitent de la médecine ou les romans d'Amine Malouf, aucune traduction ne peut transmettre fidèlement, les idées et sentiments que les livres véhiculent.» Pour illustrer ses propos, Mlle Himrène cite l'exemple des livres de Amine Malouf en version arabe, qui n'ont pas connu le même succès que ceux édités en version originale (français). Comme la traduction est un moyen de transfert des connaissances, les Editions Chiheb ont donc procédé à la traduction de collections scientifiques pour écoliers. Le prochain projet est la traduction de la collection Découvertes des éditions Gallimard, qui devrait porter le nom de «El-Mouktachif Essaghir» (le petit explorateur). Pour cela, une fois de plus, les services des professionnels du métier ont été sollicités. «Des Algériens fiables, mais qui manquent de pratique vu qu'ils ne sont pas assez sollicités», indique Mlle Himrène.