Constat n «15 à 20 livres sont traduits annuellement en Algérie. Notre pays est obligé d'importer des ouvrages à des prix très élevés au moment où le traducteur algérien attend que l'on veuille se tourner vers lui.» Le chiffre rapporté par Saïd Boutadjine, traducteur et professeur à l'université de Tizi Ouzou, est révélateur de la situation que vit le secteur de la traduction en Algérie. Une situation que partagent plusieurs pays arabes à tel point qu'un rapport de l'Organisation des nations unies (ONU), paru en 2003, indique que ce que traduisent les pays arabes en l'espace d'une année, la Grèce le fait durant la même période. Le rapport onusien, qui a présenté des chiffres effarants sur l'état de la traduction dans le monde arabe, estime que ce marasme constitue un facteur de sous-développement. Les 22 Etats membres de la Ligue arabe, qui comptent 284 millions d'habitants, ne traduisent en une année que le cinquième de ce que traduit un Etat comme la Grèce avec moins de 11 millions d'habitants, précise le rapport, qui ajoute que le nombre d'ouvrages traduits en arabe dans tous les pays arabes durant le siècle dernier équivaut à celui réalisé en Espagne en une année. En Algérie, la traduction est loin d'être à la hauteur des espérances du lectorat algérien. Etant un véritable moteur pour le développement de la société, ce secteur ne joue donc pas son rôle. Les traducteurs, de leur côté, activent au ralenti, ce qui se répercute sur leur rendement. «Un manque de pratique, comme l'indique la représentante des éditions Chiheb, qui influe négativement sur leur niveau». De son côté, le directeur de la Bibliothèque nationale, bien que louant les compétences de nos traducteurs par rapport à ceux du Moyen-Orient, estime que le traducteur algérien manque d'initiatives. «Les traducteurs libanais et syriens ont eu le mérite de traduire des œuvres algériennes bien que leur travail laisse à désirer», dit-il, mais il salue leur volonté. Traduire est une question de culture surtout. Au début, il y a une soif de lire dénotée par les éditeurs qui suivent à la loupe les moindres évolutions du lectorat dans leurs pays respectifs. En Europe, les statistiques permettent de suivre cette évolution afin de savoir que traduire pour quelle tranche de la société et quelle tranche d'âge. La traduction devient une quasi-industrie au service du savoir. Tous les secteurs sont compris : ouvrages scientifiques, littéraires… les traducteurs se spécialisent pour mieux transmettre les idées et les sentiments que véhiculent les livres. En Algérie, la traduction n'en est qu'à ses débuts et le chemin est encore long.