Pronostics n Le président américain risque de perdre, lors des élections parlementaires de mardi, les majorités qui l'ont soutenu depuis le début de sa présidence en 2001. L'expert indépendant Charlie Cook estime, en effet, que seul un «miracle» pourrait sauver le parti républicain du président Bush de la défaite à la Chambre des représentants. Une défaite au Sénat semble possible, mais moins probable. Les sondages réalisés au niveau national accordent, en effet, une large avance dans les intentions de vote à l'opposition démocrate (de 11 à 18 points d'écart). M. Bush est ainsi menacé de passer les deux dernières années de sa présidence dans une cohabitation difficile avec les démocrates, qui ne partagent guère ses priorités et se montrent décidés à multiplier les enquêtes parlementaires sur l'action de l'administration, de la gestion de la guerre à la politique énergétique. Quel que soit le résultat des élections, prédit le politologue Larry Sabato, «une courte période de travail en coopération, qui pourrait se mesurer en minutes ou même ne pas arriver, sera suivie d'une campagne de deux ans» pour la présidentielle de 2008, avec en vedettes des personnalités comme Hillary Clinton et l'influent sénateur John McCain. Un très faible écart dans plusieurs circonscriptions clés permet à M. Bush, en dépit des sondages, d'afficher un inébranlable optimisme. «Avec votre aide, nous allons garder le contrôle de la Chambre et du Sénat», répète-t-il inlassablement à ses partisans réunis dans les Etats menacés, en les appelant à «faire rentrer les voix», comme vendredi à Joplin (Missouri, centre). Quelque 200 millions d'électeurs sont appelés, mardi, à élire ou réélire les 435 membres de la Chambre des représentants, ainsi que 33 des 100 sénateurs, en même temps qu'ils se prononceront sur d'innombrables scrutins locaux. Les démocrates doivent conquérir au moins 15 sièges pour redevenir majoritaires, pour la première fois depuis 12 ans. Au Sénat, le seuil est fixé à six sièges, et la plupart des experts estiment qu'il sera plus difficile à atteindre qu'à la Chambre. La campagne a été largement dominée par la guerre en Irak, préoccupation première des électeurs, selon tous les sondages. M. Bush, qui a annoncé qu'il n'avait aucune intention de se séparer de l'impopulaire secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, tente de motiver ses partisans en résumant de façon caricaturale la position de ses adversaires : «L'approche démocrate de l'Irak se résume à ceci : les terroristes gagnent, l'Amérique perd.» En fait, les démocrates et la Maison-Blanche se renvoient la même accusation sur l'Irak, chaque camp accusant l'autre de n'avoir «pas de plan» pour gagner alors que le rythme des pertes américaines ne faiblit pas, après un mois d'octobre particulièrement meurtrier (104 Américains tués). Sur l'économie, la Maison-Blanche a du mal à tirer parti de chiffres flatteurs, avec un déficit budgétaire en reflux, un chômage très bas (4,4%) et Wall Street, malgré un reflux cette semaine, en phase d'ascension. «C'est dur de faire passer le message» que l'économie est en bonne voie, s'était lamenté le vice-président Dick Cheney le mois dernier.