Le sommet Chine-Afrique de Pékin n'a pas débouché sur des contrats commerciaux spectaculaires, mais a permis aux entreprises chinoises de poser de nouveaux jalons dans un contexte de conquête économique tous azimuts lancée par le pays le plus peuplé de la planète. Les 16 contrats signés ce dimanche entre la Chine et dix pays africains, du Cap-Vert aux Seychelles, en passant par l'Egypte et le Kenya, pour une valeur totale de 1,9 milliard de dollars, illustrent l'engagement croissant des entreprises chinoises sur le continent noir dans tous les secteurs. Marqués par la volonté évidente de balayer les critiques de «néocolonialisme», selon lesquelles une Chine prédatrice ne s'intéresserait qu'au pétrole et aux minerais africains, les contrats et accords ont fait la part belle aux projets de développement des ressources sur place (usine d'aluminium, mines, cimenterie...) et aux projets d'infrastructures dans les télécommunications ou les transports. Le plus gros contrat concerne un projet de production d'aluminium en Egypte pour une valeur de 938 millions de dollars. Cette offensive en Afrique permet aussi aux entreprises chinoises, encore peu présentes à l'étranger, de se forger une stature internationale en s'implantant dans des pays où la concurrence n'est guère présente, avec le soutien important de son gouvernement. ZTE, l'une des principales sociétés de télécommunications chinoises, a décroché un contrat de 30 millions de dollars pour assurer la sécurité du système informatique du ministère de l'Intérieur du Ghana et a signé un accord de coopération d'un même montant avec le petit royaume du Lesotho pour développer le réseau de télécommunications. L'autre grande entreprise chinoise du secteur, Huawei, a signé, de son côté, un mémorandum de coopération pour un projet d'administration électronique au Kenya (42 M USD). Invité à Pékin, le président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal, Mansour Cama, dont le pays négocie avec la Chine un projet d'administration électronique et la construction d'une usine d'électricité à base de charbon, insiste cependant sur la nécessité pour l'Afrique de protéger ses propres entreprises.