Analyse n Arabesque, l'aventure de la langue arabe en Occident, un livre conjointement écrit par Henriette Wlater (France) et Bassem Baraket (Liban). Ce livre a fait l'objet d'une discussion lors d'un café littéraire qui s'est tenu, lundi, en marge du Salon international du livre. Henriette Walter, universitaire, a déclaré que l'arabe est une langue qu'elle prise et avec laquelle elle entretient une relation quelque peu singulière. «J'ai vécu mon enfance en Tunisie, donc j'ai grandi avec l'arabe», dit-elle, ajoutant que «c'est une langue qui a commencé avec mon enfance et qui m'a accompagné». «C'est une langue qui me touche et m'intrigue», a-t-elle précisé, d'où le choix du sujet abordé dans le livre, un choix à la fois personnel et intellectuel. Personnel, pour les affinité qu'elle a pour la langue arabe ; et intellectuel, pour montrer l'origine arabe de la pensée moderne européenne. «C'est grâce à la langue arabe que la pensée grecque nous est parvenue», a-t-elle indiqué. Le livre, Arabesque, l'aventure de la langue arabe en Occident, se veut un voyage dans la langue arabe à travers l'espace et le temps. Il met en scène l'exploit d'une langue, ses prouesses et dans le domaine scientifique et en matière de création artistique. «On voulait montrer comment une langue, à l'origine une langue de nomade, est devenue, à partir du désert, une langue véhiculaire et support d'art et de savoir», a expliqué Henriette Walter, ajoutant que l'arabe est entré vite en contact avec l'Europe, et cela par l'entremise de l'Espagne, de la Sicile et de Malte, où la présence arabe dans ces trois régions d'Europe était forte et influente. «Jusqu'à présent, l'on trouve encore les traces de la langue arabe, des empreintes encore manifestes à travers les noms de lieux, comme Oued el Kebir en Andalousie, ou des vocabulaires empruntés à l'arabe», a-t-elle dit. Et d'affirmer également que la langue malte est proche, d'un point de vue phonétique, de la langue arabe. Pour sa part, Bassem Baraket a expliqué que si la langue arabe a connu, à travers le temps, une extension spatiale, c'est parce qu'elle est véhiculaire de l'Islam, ajoutant que «la langue arabe a vécu des aventures au contact des peuples ; et dans ses différents et nombreux voyages, elle a connu, outre le contact linguistique, un contact d'idée et de la pensée». Bassem Barkat a tenu à expliquer que la langue arabe n'a pas seulement influencé l'Occident et y laissé des traces linguistiques (lexicales et phonétiques), elle a été également influencée par les langues européennes, à l'exemple du français, de l'italien, de l'espagnole.» Dans les dialectes arabes, l'algérien comme le libanais, on trouve quelques marques de la langue française ou italienne», a-t-il indiqué. Ainsi, la langue arabe, et contrairement aux préjugés visant à réduire l'arabe, est une histoire qui continue d'influencer le monde occidental, à travers le registre linguistique et à travers la culture. Younis Tewfik, écrivain irakien, estime que «l'arabe, linguistiquement ou culturellement, continue de marquer les Européens. En Italie, et au contact avec la communauté arabe, notamment algérienne, plusieurs mots arabes sont passés dans le parler italien. Même la culture arabe est perceptible dans les mœurs italiennes. Les Italiens cuisinent le couscous ; d'autres meublent leur maison avec le style maghrébin».