L'animation du Salon du livre est confiée à l'Association des libraires algériens (Aslia), et il faut reconnaître son effort pour donner à l'événement un contenu intellectuel sans lequel il se résumerait à une simple exposition vente. Cette année, la coïncidence de la commémoration du 1er Novembre 1954 a fourni le fil conducteur du programme centré sur le thème Ecriture et émancipations. Toutes les formes d'émancipation relayées par le livre seront abordées : celle des peuples, celle des sociétés et celle des individus. L'inauguration officielle aura lieu le lundi 30 octobre. Le programme d'animation a été structuré en séances se tenant généralement à 11h, 14h, 15h et 16h30 mais il vaudra mieux s'informer la veille. Mardi 31 octobre, est prévue une rencontre sur le déclenchement de la Révolution avec une exposition des Archives nationales. Sur le podium, Abdelhamid Mehri et Hadj Ben Alla avec Abdelmadjid Chikhi comme modérateur. Puis, ce sera à l'historien français Jean-Louis Planche de parler des massacres du 8 Mai 1945. La journée s'achèvera par un débat sur Sartre et la colonisation animé par M-L. Maougal et l'Italien Riccardo Campa. Mercredi 1er novembre, une conférence sur le 50e anniversaire de l'exécution de Ahmed Zabana, premier martyr à avoir été guillotiné, réunira l'avocat de ce dernier, Me Mahmoud Zertal, sa consœur Me Fouzia Ben Braham ainsi que Boualem Nedjadi, le réalisateur Saïd Ould Khelifa et Azzedine Mihoubi, auteur et directeur de la Radio algérienne. L'après-midi verra un riche plateau de personnalités plancher sur les écrits de la révolution : Rédha Malek, Me Jacques Vergès, Abderrezak Bouhara, Annie Steiner, Mohamed Lemkami, Charles Henri-Favrod. Enfin, cette journée historique sera close par Henri Alleg qui présentera son ouvrage Mémoire algérienne, réédité par Casbah Editions (17h). Jeudi 2 novembre, Mohamed El Mili présentera l'œuvre de l'écrivain Rédha Houhou. Puis, viendra l'un des clous de l'animation de ce Salon, le café littéraire consacré à Yasmina Khadra qui parlera de ses derniers ouvrages. Actualité d'Ibn Khaldoun sera le dernier thème de cette journée avec une palette de chercheurs algériens et étrangers. Vendredi 3 novembre, jour saint, sera justement consacré au dialogue des civilisations avec Cheikh Bouamrane, président du Haut Conseil islamique, l'islamologue Mustapha Cherif et les chercheurs Mohammed Chérif Gueher et Ricardo Campa (15 h). Samedi 4 novembre, ce sera Le patrimoine culturel amazigh qui sera présenté par Abdelnebi Houria et Mohamed Akli Hadadou. Dans son prolongement, le deuxième café littéraire abordera La société targuie avec Kamel Stiti et Lahcène Marmouri. L'individu et le monde arabe seront traités par Malek Chebel et le Libanais Bassem Barake avec le journaliste Mohamed Balhi. Le commissariat du festival du film amazigh projettera enfin à 17h des films de son répertoire. Dimanche 5 novembre, est prévue la rencontre de célébration du 60e anniversaire des Editions Ennahda qui sera suivie à 12h30 (à l'heure du déjeuner !) de la présentation du Coran en tamazight par Youcef Nassib. Une discussion sur L'expérience éditoriale amazighe sera animée par Brahim Tazaghart et Youcef Merahi et, par Cherifa Bilek et toujours Youcef Merahi, une rencontre sur L'enseignement de tamazight (15 h) dont l'opportunité dans ce cadre nous semble faible, à moins qu'elle ne porte sur l'édition scolaire. En clôture de la journée, l'œuvre de Naguib Mahfouz sera présentée par Amine Zaoui, écrivain et directeur de la Bibliothèque nationale, M. L. Maougal et Saïd Boutadjine. Lundi 6 novembre, le salon sera réservé aux professionnels et abritera une rencontre entre éditeurs et bibliothécaires ainsi qu'un programme pour enfants, dont le contenu et les modalités ne sont pas précisés. La sociologue Fatiha Lovichi-Dahmani viendra présenter son ouvrage sur L'immigration féminine en France (11h) en espérant que le salon aura alors rouvert ses portes au public. A 13h30, ce sera au tour de L'aventure de la langue arabe en Occident d'entrer en scène avec un riche plateau : Henriette Walter (France), Jolanda Gardi (Italie), Bassem Barake, Younis Tewfik, Mohamed Sari. A 18h30, Waciny Laredj recevra le prix des Libraires 2006 (voir article ci-contre) devant un parterre de professionnels. Mardi 7 novembre, présentation de l'ouvrage Dessine-moi l'humour des Editions Chihab (10h). Puis état des lieux du roman arabe (11h) avec plusieurs écrivains et éditeurs. Abdelaziz Ferrah présentera en début d'après-midi Etienne Dinet, lectures, avant de céder la place à Zhor Ounissi, Maïssa Bey et Jolanda Guardi pour un examen des Ecrits féminins sur la guerre d'indépendance. Mercredi 8 novembre, Boualem Ghoulamoullah, ministre des Affaires religieuses, Saïhi Brahim et Habib Mohammed Akli se pencheront sur L'Islam au XIXe siècle sans qu'il ne soit précisé, ici aussi, les références éditoriales du thème. A 13h30, sera présenté le roman policier de Amar Lakhous qui connaît un grand succès en Italie en présence de l'auteur et de spécialistes italiens. Les enjeux de la traduction dans le monde arabe seront traités par le Tunisien Ali Souilli, Waciny Laredj et Jolanda Guardi. Monseigneur Teissier et Abdelmadjid Chikhi s'intéresseront pour leur part aux auteurs algériens de la période romano-africaine. Jeudi 9 novembre, veille de la clôture, la traduction en arabe de l'Anthologie poétique de Vicente Alexandre, réalisée par l'université d'Alger en collaboration avec l'Institut Cervantès, sera présentée au public. L'après-midi verra l'académicienne du Goncourt, Edmonde Charles-Roux, auteur d'une fameuse biographie d'Isabelle Eberhardt parler de ce personnage avec Antoine Boussin. Poursuivant le fil de l'émancipation, ce programme indique bien également le souci de ses organisateurs de mettre en relief toutes les sources de l'identité algérienne dans une démarche d'ouverture sur les cultures du monde. Cependant la densité du programme et l'enchaînement des rencontres exigeront un savoir-faire d'aiguilleur de trains. Il est à espérer notamment que les horaires seront respectés et que le lieu des rencontres sera choisi en fonction d'une qualité acoustique minimale, avec une signalisation adéquate permettant de le repérer dans l'immense surface de la Safex. Enfin, détail non superflu, la formule du « café littéraire » ayant été maintenue, il serait bien d'éviter le sympathique reproche : « la littérature y était mais pas le café ». Quitte à le faire payer, autant assurer la véracité de l'intitulé. La crédibilité est globale ou ne l'est pas.