Rencontre n L'écrivain algérien, lauréat des pris des libraires, Wassini Laâredj, a plaidé pour la mise en place d'une «stratégie à même d'unifier et de coordonner les efforts des traducteurs dans le monde arabe». Lors du café littéraire consacré aux enjeux de la traduction dans le monde arabe, organisé en marge du XIe Salon international du livre d'Alger (Sila), Wassini Laâredj a souligné que le manque de coordination parmi les principaux facteurs est derrière le maigre bilan de la traduction dans le monde arabe. Il a également évoqué le problème de l'absence d'une banque de données sur les traducteurs et les œuvres traduites, qui pourrait faire éviter qu'une œuvre soit traduite plusieurs fois vers l'arabe et que le lecteur soit ainsi privé de lire la traduction d'autres livres. Le romancier distingue quatre pôles de la traduction dans le monde arabe. Le premier est le pôle maghrébin qui, né durant les années 1970 et consolidé durant les années 1980, s'intéresse tout particulièrement aux textes modernes notamment critiques. Quant au pôle du Golfe d'Arabie, basé aux Emirats arabes unis, il consiste notamment à revenir à l'œuvre originale pour la traduire directement en arabe sans passer par «la langue intermédiaire». Avec son projet des mille livres, le troisième pôle, celui de l'Egypte, est vu par Wassini Laâredj comme une réussite. Les initiateurs du projet sont, en effet, parvenus à traduire 1 000 livres puisés dans le patrimoine de la connaissance universelle, aidés en cela par plusieurs traducteurs arabes. «Les Egyptiens se sont rendus à l'évidence que le volume des connaissances humaines dépasse, et de loin, les mille livres», a-t-il observé. Empreint d'un «caractère commercial», le 4e pôle de traduction s'articule autour de quelque pays du Moyen-Orient, tels que la Syrie, le Liban et la Jordanie, dont la traduction reste, estime-t-il, «mauvaise en dépit du fait qu'elle offre aux lecteurs tout nouvel ouvrage meublant le monde livresque». S'agissant du pays hôte du Sila, Laâredj souligne que l'Algérie «recèle une pléiade de traducteurs compétents, mais qui rebutent à traduire en l'absence d'un cadre juridique garantissant leurs droits», ajoutant que « 90 % des ouvrages paraissant en langue française en Algérie ne sont pas traduits.» En outre, l'enseignant universitaire tunisien, Ali Souili, a indiqué que le début de l'ère abbasside a connu «un mouvement de traduction sans précédent dans l'histoire», estimant que les Arabes avaient saisi l'importance de la traduction dans le dialogue avec autrui en vue de faire connaître leur culture et tirer profit des autres cultures. «Les historiens estiment que la traduction est la plus grande des réalisations des Arabes», souligne M. Souili qui précise que ce bond traductionnel dénote «leur ouverture».