La directrice de l'Institut supérieur arabe de traduction, Inaâm Bayoudh, a estimé, hier, lors d'une conférence organisée en marge du Salon international du livre d'Alger que la traduction «demeure toujours une sorte de luxe littéraire», affirmant que le monde arabe «n'a pas encore atteint le stade d'engager une réflexion sur l'importance de la traduction comme question de survie», tout en regrettant «le mépris» auquel est confronté le métier de traducteur, pourtant «le seul intermédiaire entre deux langues». Évoquant l'apprentissage des langues étrangères dans le monde arabe, Mme Bayoudh a considéré que ces langues ne rencontrent pas l'intérêt qui leur sied dans les systèmes éducatifs arabes et même l'apprentissage de la langue mère «n'est pas au-dessus de tout reproche» dans le monde arabe. Elle a, en outre, estimé que «les sociétés non productrices de savoir sont appelées du moins à le traduire pour en faire bénéficier leurs peuples». Allant dans le même sens, le traducteur français Marcel Bois a mis en valeur l'importance de la traduction comme outil de «dialogue et de communication entre les différentes cultures». M. Bois, qui a traduit plusieurs auteurs algériens, tels Abdelhamid Benhaddouga, Tahar Ouettar et autres Wacyni Laredj, définit la traduction comme un «effort consenti pour créer un monde où s'échangent les connaissances des uns et des autres dans un respect mutuel». Pour sa part, l'attaché culturel de l'ambassade de France à Alger a présenté un exposé sur l'apport de son pays aux traducteurs précisant que le Centre national du livre (France) se propose de couvrir 50% des coûts de la traduction. Le centre en question octroie également aux traducteurs étrangers des «bourses», a-t-il ajouté, rappelant que le site Internet du ministère français des Affaires étrangères qui se veut une base de données renferme près d'un million d'œuvres traduites en arabe.